Blackwater – Michael McDowell

Horreur

Pourquoi se baigner dans la Perdido quand on peut manger de la Tarte aux pommes. Pourquoi être tributaires des crues quand on peut l’être des hiboux. Pourquoi parler de Blackwater quand on peut parler de Twin Peaks.

Il était une fois une petite ville retirée, dominée par les scieries et l’hôtellerie. Son café et sa tarte aux pommes étaient légendaires. Ainsi que l’un de ses invités, aussi charismatique que clairvoyant, lié au paranormal mais sans s’en soucier plus avant. Permettez moi de vous présenter Dale Cooper et Twin Peaks. Si le héros existe, il lui faut un pendant manichéen, le nommé Bob, être maléfique, tout droit sortie de la Black Lodge, au fond de la forêt épaisse, caché de tous, mais au centre de tout.

Il était une fois Laura Palmer. Héroïne décédée qui hante les esprits des vivants, dont l’aura est nimbée de mystères, le passé d’incohérences et le parcours semé de jalousie. Personnage centrale de toutes les intrigues, sa personnalité aux milles visages brouille les pistes, agace souvent, émeut parfois.

Il était une (seconde fois) Dale Cooper, agent du FBI parfait, charmant et intelligent, qui résout les mystères avec flegme et brio. Flanqué de son dictaphone grâce auquel il communique avec son assistante Diane. Dont on se demande si elle n’est pas un pur produit de son imagination florissante.

Il était une fois une kyrielle de personnages secondaires hauts en couleur, de lieux iconiques, de répliques mythiques. Si vous êtes déjà fan ou souhaitez en découvrir Twin Peaks, je vous conseille l’excellent podcast Amies, de Slate.fr, qui rebalaie chaque épisode avec intelligence et humour.

Et sinon, ruez-vous en librairie et lisez Blackwater. Vous y retrouverez les ingrédients cités ci avant, distillés différemment, pour un résultat tout aussi plaisant.

Excellente lecture à vous !

Blackwater – La crue – La digue – La maison – La guerre – La fortune et La pluie – de Michael McDowell est disponible aux éditions Monsieur Toussaint Louverture

Bilan Juin 2022

Feel Good

La vie rêvée d’Ava de Sophie Kinsella est disponible aux éditions Belfond

La recette des romans de Kinsella est peu ou prou la même à chaque fois, mais est à mes yeux toujours aussi plaisante. Prenez une jeune femme gaffeuse – Ava – qui rencontre l’homme de ses rêves – Matt – aux antipodes de ses valeurs, de ce qu’elle aime, en bref de qui elle est. Ajoutez à cela une ex encombrante et narcissique, des beaux parents froids comme des portes de prisons et des une bande d’amis haute en couleur. Mélangez le tout et vous obtiendrez la parfaite lecture de l’été, légère et pétillante, à déguster sur votre serviette de bain.

Vous l’aurez compris, La vie rêvée d’Ava de Sophie Kinsella est la parfaite lecture de l’été !

Cinabre de Nicolas Druart est disponible aux éditions Harper Collins

C’est un coup de maître que Cinabre de Nicolas Druart. Roman noir, dense à l’intrigue bien ficelée. Ma lecture fut haletante, et sans pause, et quinze jours après l’avoir refermée, continue de hanter. Amateur de roman noir, cette lecture est faite pour vous.

Cinabre – Nicolas Druart

Thriller

“Comme vous le savez, la folie est comme la gravité, il suffit parfois juste d’un petit coup de pouce.” Le Joker (incarné par Heath Ledger) dans Batman, Le Chevalier Noir. Meilleur film de la saga à mes yeux.

Cinabre, Nicolas Druart

J’aime beaucoup la série en anthologie American Horror Story. L’esthétique est léchée, la bande son impeccable et les acteurs parfaits. En fait non, je n’aime pas, j’adore. L’une de mes saisons préférées est la cinq, celle sur l’Hôtel Cortez. Inspirée entre autre par le tristement célèbre Cecil Hotel à Los Angeles.

Le lieu est un personnage en lui seul, de part sa désuétude apparente en extérieur et de son faste d’un temps passé en intérieur. Un bar surplombant le lobby peuplé d’un barman en robe longue et au maquillage outrancier – nommé Cléopâtre – , où se mêlent vivant et défunts, vampires et humains, n’ayant aucune conscience du temps écoulé depuis qu’ils sont entrés dans cet endroit. L’entrée y est aisée, en sortir indemne quasi impossible. L’hôtel se nourrit de l’âme de ses défunts qui hantent ses couloirs.

Ce sont précisément ces images que j’avais en tête lorsque je décidai d’entrer dans l’Hotel Ferdinand et d’entamer ainsi ma lecture de Cinabre de Nicolas Druart, la bande son aux accents macabres et métalliques en boucle dans mon subconscient. « L’Hôtel Ferdinand fut le théâtre d’un quadruple homicide dans les années 1980. Son directeur, Eugène Ferdinand, y massacra sa famille avant d’être abattu par la police. Toute sa famille sauf Richard, petit dernier miraculé. C’est lui-même qui décidera trente ans plus tard de rouvrir l’établissement… Mais on n’efface pas à coups de travaux monumentaux une réputation sulfureuse. Les Rois de Pique sont six anciens camarades de promo qui ont fui l’hôpital pour se lancer en indépendants. Lorsque l’un d’eux disparaît après avoir soigné une cliente de l’Hôtel Ferdinand, personne ne semble s’en émouvoir. Seul Elliot Akerman, infirmier sensible et sans concession, va partir à sa recherche. Pendant ce temps, Toulouse vit sous la terreur d’un tueur qui attaque ses victimes au sabre. Est-il isolé ? Et qui doit se sentir menacé ? Pour le capitaine Aubert et son équipe, c’est le début d’un combat sans fin contre une hydre voilée par des nappes de sang. « 

Bienvenue à l’Hôtel Ferdinand. Lieu toulousain damné par un homicide, et auquel on lie une aura macabre. Lieu de fascination pour les non initiés, lieu de terreur également, lié à sa légende passée. C’est en foulant son sol que la vie d’Elliot va basculer. On entre dans l’Hotel Ferdinand comme à une soirée de Gatsby, le faste, la décadence et la grandeur se battent, pour cacher des secrets. Sombre, noirs, en un mot terribles.

Associé à cela un soupçon de Fight Club, dans la version brute de Chuck Palahniuk. (Si vous aussi vous avez été traumatisé par l’épisode des rondins de bois sur la plage, nous pouvons en parler.) On peut combattre des Hommes, dans une lutte manichéenne entre le bien et le mal – éternelle question de polarité. On peut combattre un ennemi commun, se rassemblant le temps d’une ultime bataille. Le mal périt, la vie reprend son cours, en essayant d’apprendre de son passé. Mais peut on combattre une idée ? Pensée invisible mais néanmoins présente, qui s’insinue en chacun de nous, qui germe quoi qu’il advienne ?

C’est un coup de maître que Cinabre de Nicolas Druart. Roman noir, dense à l’intrigue bien ficelée. Ma lecture fut haletante, et sans pause, et quinze jours après l’avoir refermée, continue de hanter. Amateur de roman noir, cette lecture est faite pour vous.

Belle lecture à vous !

Cinabre de Nicolas Druart est disponible aux éditions Harper Collins