Désenchantées – Marie Vareille

Feel Good

« Celui qui n’est plus ton ami ne l’a jamais été » Aristote. Je ne suis pas vraiment d’accord avec cette affirmation. Peut-être pare que j’ai failli à ce rôle plus d’une fois, que je n’ai pas toujours su en être une, et que j’ai reproché à d’autres de ne pas l’être en retour. La réciproque est aussi vraie. Mais ceux qui le sont encore, ou le sont devenus plus tard, sont des piliers inestimables.

Désenchantées, Marie Vareille

L’amitié est un lien sacré, qu’il faut chérir et entretenir. C’est l’un des liens les plus indéfectibles qui soit, l’un des plus précieux aussi. Les amitiés de jeunesse nous permettent de grandir, de nous construire. D’avoir cette oreille attentive qui jamais ne jugera, et qui sera toujours à l’écoute. De celle qui nous écoute des heures durant parler de notre avenir, de notre passé, d’essuyer nos larmes – les bruyantes comme les silencieuses – en étant tout simplement présente.

L’amitié, enfant, c’est un peu à la vie à la mort. Et quand elle se créé sur un drame, sur une absence, elle se substitue à la famille. C’est ce que vivent Sarah et Angélique, deux enfants à la vie cabossée, en mal d’amour, de repères. Leur rencontre, une évidence. Leur histoire, fusionnelle et respectueuse. De l’enfance à l’adolescence, deux âmes sœurs.

L’amitié, mise à mal pour se transformer en guerre ouverte. Aux vues et sus de tous. Une vie qui se scinde à nouveau en deux, que tout oppose, surtout le silence. Qui se pose en complice du drame qui se joue dans la vie de ces femmes en devenir. Jusqu’au moment où ce silence est tout ce qu’il reste. Bienvenue dans le dernier roman de Marie Vareille, Les Désenchantées. « La disparition de Sarah Leroy, quinze ans, a bouleversé la petite bourgade de Bouville-sur-Mer et ému la France entière. Dans chaque foyer, chaque bistrot, on élaborait des hypothèses, mais ce qui est vraiment arrivé, personne ne l’a jamais su. Vingt ans plus tard, Fanny revient sur les lieux de ce drame qui a marqué sa jeunesse. Et c’est tout un passé qu’elle avait préféré oublier qui resurgit…
Car l’histoire de Sarah Leroy, c’est aussi un peu la sienne, et celle d’une bande de filles qui se faisaient appeler les  » Désenchantées « . Une histoire qui a l’odeur des premières cigarettes et du chlore de la piscine municipale, des serments d’amitié et surtout, des plus lourds secrets.
« 

Ce que j’aime dans les romans de Marie Vareille, c’est l’alternance de points de vues dans sa construction narrative. Qui a pour résultante de m’empêcher de reposer ses histoires une fois que j’en ai lu deux chapitres. On oscille entre un récit clinique, descriptif, de l’enfance à l’adolescence, sous forme de recueil, qui plante le décor de la disparition tragique de Sarah, quinze ans auparavant. Et les points de vues des femmes que sont devenues Angélique, et sa sœur Fanny. D’un récit omniscient confronté à deux points de vues internes, ayant chacun leur vérité.

(la suite peut contenir des spoils)

L’adolescence. Cette période d’appréhension de soi, de la fin de ce cocon qu’est l’enfance pour entrer dans la jungle de l’âge adulte. Les fréquentations pas toujours bonnes, mais qui sont celles que l’on se doit d’avoir pour devenir populaire. A l’instar d’un beau frère au charme ravageur, aux multiples conquêtes, qui se révèle être un monstre, qui vole aux deux adolescentes les plus proches de lui, leur innocence, leur amour propre et bien plus encore. Couvert par sa mère, aveuglée par sa beauté physique, unique signe de valeur d’une personne à ses yeux chaussés d’œillères.

Le deuil. De parents décédés, de parents absents, d’une enfance heureuse, d’une virginité ravie sous la contrainte. D’une amitié parce que pas assez policée, assez bien en apparence. Lorsque les apparences quand elles se craquèlent révèlent des êtres indignes, infâmes. A l’âme laide et au cœur sombre. L’injustice comme juste punition. Lorsque les solutions pour survivre se réduisent à peau de chagrin. Mais malgré tout l’espoir d’un avenir meilleur pour celles qui ont survécu à ces quinze années de deuil.

Avec Désenchantées, Marie Vareille signe un roman brillant sous forme de cosy mistery, sur l’amitié, sur des femmes fortes que rien ni personne ne peut faire ployer, sur une sororité implacable, qui n’ont au final de désenchantées que le nom.

Belle lecture à vous !

Désenchantées de Marie Vareille est disponible aux éditions Charleston

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