Les écailles de l’amer Léthé – Eric Metzger

Feel Good

« …quel est le plus fou, de celui qui l’est ne pouvant faire autrement, ou de celui qui l’est par sa volonté ? » Don Quichotte de la Manche, Miguel Cervantes. Vous avez quatre heures pour répondre à cette question. Ou vous pouvez vous perdre dans la folie ordinaire et dans le vie de Cookie, le combattant. (La deuxième solution est plus agréable) (d’autant plus agrémenté d’un verre).

Les écailles de l'amer Léthé, Eric Metzger

La folie. Elle peut prendre bien des formes, raisonnée à passionnée, mesurée à incontrôlable. Nous sommes tous le fou de quelqu’un. Parce que nous sortons du cadre, nous ne rentrons pas dans un esthétique bourgeois policé, par que nous ressentons différemment les situations, les événements, les sentiments.

La folie. De celle qui fait peur à celle devenue ordinaire. Dont on est inextricablement prisonnier. Incompris. Quand les seuls êtres à nous comprendre sont des auteurs décédés de quelques siècles ou un poisson dans son bocal qui est attiré par leurs mots, où nous situons nous sur l’échelle du socialement acceptable ?

Bienvenue dans Les écailles de l’amer Léthé, le dernier roman d’Eric Metzger : Le héros de cette histoire est un solitaire. Qui fuit les prises de décision et les responsabilités. Aussi se trouve-t-il bien embarrassé de se voir confier la charge d’un poisson combattant. Baptisé Cookie dans un moment de panique, le poisson bouleverse les habitudes de cet homme. Dans une tentative désespérée pour créer un lien avec cet animal qui tourne en rond dans son aquarium carré, il commence à lui lire un poème de Baudelaire. Soudain, le poisson se fige, attentif. Une série de tests s’ensuit. Cookie n’apprécie pas les guides de voyage, ni les modes d’emploi. Seule la littérature le captive. Suffira-t-elle à le sauver ?

Un roman en trois actes. Telle une tragédie contemporaine, celle de Cookie le combattant. Celle de son maître, de son compagnon de vie, qui lui lis des romans, ou plutôt qui les vit par sa lecture. Celle d’un homme que l’on devine à part, reclus dans une bulle qu’il s’est créé. Pour mieux vivre son déni de réalité. De cette réalité tragique qui brise une vie, et dont les morceaux peinent à être recollés. De surcroît de travers.

Du narrateur – si ce n’est je – nous ne connaîtrons pas son prénom. Plus facile dans ce cas d’avoir des points communs avec cette personnalité atypique, non identifiée, qui n’est personne et qui peut être tout le monde à la fois. Nous connaissons de lui son attachement aux classiques de la littérature, immuables, qui ne peuvent plus disparaitre. Tel un phare dans la brume d’une vie.

Avec Les écailles de l’amer Léthé Eric Metzger nous offre un roman ubuesque, qui donne la part belle à un poisson, le sus nommé Cookie dont j’ai aimé à suivre les pérégrinations, les états d’âme littéraire. En bref la vie trépidante dont il a rêvé dans son bocal.

Bonne lecture à vous !

Les écailles de l’amer Léthé d‘Eric Metzger est disponible aux éditions de l’Olivier

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