L’homme que je ne devais pas aimer – Agathe Ruga

Feel Good

« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; // Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. » Cette citation du Phèdre de Racine résume parfaitement la passion amoureuse, de celle qui rend irrationnelle et vous transporte, jusqu’à s’en brûler les ailes.

L’homme que je ne devais pas aimer, Agathe Ruga

Présumer de la vie des inconnus. Qu’il est si facile de le faire, de quantifier et qualifier leur bonheur à notre échelle de perception, de convenance, de pensée. L’émergence des réseaux sociaux a été – est toujours – en ce sens un fléau. De belles photos, des instants volés, figés, où tout n’est que perfection – tout du moins semble l’être- qui créent l’envie, la jalousie. Qui nous fait voir un bonheur parfait ailleurs.

Présumer la vie des inconnus. Les enfermer dans un carcan, dont ils n’ont pas le droit de sortir. Puisque tel est le chemin que nous leur avons tracé, faisant fi de leur passé, de leur famille, de leur vie. Faisant fi du feu qui les anime ou les consume, des tourments qui les submergent et qui les bercent. Des tempêtes intérieures auxquelles ils sont confrontés. L’impulsion n’a pas sa place, tout doit être millimétré au cordeau.

Présumer de la vie des ceux que nous connaissons est d’autant plus faux que nous ne partageons pas leur intimité. De celle qui existe porte close, volet fermé. De celle qu’on se refuse nous-même à affronter, pour ne pas se confronter à notre réalité. Au risque parfois de tout envoyer valser.

La vie d’Ariane est présumée parfaite. Pourtant, elle s’y perd et s’étouffe, dans cette photographie lisse de papier glacée. L’impulsion, la passion, en bref la liberté ne sont plus pleinement de mise. Jusqu’à la rencontre fatidique, un regard croisé fatal. Jusqu’à ce que le vernis craque, et que les présomptions autres partent en éclat. C’est l’histoire que nous conte Agathe Ruga dans son second roman, L’homme que je ne devais pas aimer. « Il y a un an, je suis tombée amoureuse comme on tombe malade. Il m’a regardée, c’est tout. Dans ses yeux, dans leur promesse et ma renaissance, j’étais soudain atteinte d’un mal incurable ne laissant présager rien de beau ni de fécond. Son regard était la goupille d’une grenade, un compte à rebours vers la mort programmée de ma famille. « Ariane, heureuse en mariage et mère comblée de trois enfants, fait la rencontre de Sandro. Cette passion se propage comme un incendie et dévore peu à peu les actes de sa vie. Ariane est en fuite. L’amour pour son mari, l’attention à son entourage, à la littérature dont elle a fait son métier, sont remplacés par des gestes irrationnels, destinés à attirer l’attention d’un quasi-inconnu. Quels démons poussent Ariane vers cette obsession adolescente ? Quels pères, quels hommes de sa vie ce jeune roi de la nuit ressuscite-t-il ? »

La passion, source de déraison et de folie, de non choix et de coups de tête, de domination à cette sensation d’urgence : celle de n’exister que pour l’autre. A s’en rendre malade, à en perdre partiellement la raison. Le rationnel s’efface peu à peu pour donner vie à une chimère, alimentée de nuits blanches et journées interminables, sans fin. Un répit impossible à invoquer tant l’image de l’autre est imprimée dans notre rétine, notre mémoire, notre peau, notre vie.

Ariane voit sa vie bouleversée par un homme. Mais quels sont les autres qui l’ont autant touchée, qui l’ont construite. Quelle part ont-ils rétrospectivement joué dans cet amour fou, cette folie amoureuse ?

Agathe Ruga livre un roman intime, bouleversant et incandescent, avec l’Homme que ne je ne devais pas aimer. Sous sa plume défile l’urgence de vivre, de jouir d’une vie telle qu’on la souhaite, telle qu’on se l’approprie.

Belle lecture à vous !

L’homme que je ne devais pas aimer d’Agathe Ruga est disponible aux éditions Flammarion

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