Come as you are

Feel Good

Narrateur : (nom masculin) Personne qui raconte. Quand il se fait interne dans un roman, je me demande toujours s’il ne fait pas tout ou partie corps avec l’auteur. Quelle est la frontière entre la vérité et le fantasmé. Et je crois que c’est ce que je préfère au final. C’est porosité qui instaure une zone de floue.

Les Petits Garçons, de Théodore Bourdeau

C’est au détour d’une promenade iodée que je me décidais d’acquérir Les Petits Garçons, de Théodore Bourdeau. Ce livre déjà lu m’attendait sagement devant une librairie de secondes mains, qui sent bons les pages jaunies. L’odeur de mes premiers romans, ceux de la bibliothèque de ma grand- mère. Forte d’une très bonne première expérience de lecture avec les éditions Stock-Arpège, j’y ai vu un signe du destin. Et suis repartie le manuscrit sous le bras.

Grand bien m’a pris. Car il s’est avéré que le narrateur et moi même partageons un amour en commun, et pas des moindres. L’amour pour « le chanteur le plus triste du monde », avec le son gilet vert et sa voix fausse en enregistrement d‘Unplugged in New York. Même si j’étais trop jeune pour vivre avec la même intensité cette disparition d’un génie. J’ai tout de même ressenti plus tard, lors des affres de l’adolescence, ce mal être propre à l’ange blond déchu qu’est pour moi Kurt Cobain. Et je trouve dans les paroles de Come as you are  une reconnaissance à l’amitié dont il est fait mention.

Je vous laisse vous imprégner de la substantifique moelle de ce premier roman avant de continuer plus avant : »C’est l’histoire de deux amis qui traversent ensemble l’enfance, puis l’adolescence, et qui atterrissent à l’âge adulte le coeur entaillé. C’est l’histoire d’un jeune homme maladroit, le narrateur, un peu trop tendre pour la brutalité du monde, mais prêt pour ses plaisirs. C’est l’histoire d’un parcours fulgurant, celui de son ami Grégoire, et des obstacles qui l’attendent. C’est aussi l’histoire d’une société affolée par les nouveaux visages de la violence. C’est enfin une histoire de pouvoir, de déboires et d’amour.
Mais avant tout, c’est l’histoire de deux petits garçons.« 

C’est une amitié qui se crée à l’enfance, l’âge de l’innocence. Celui où chaparder une guimauve nous donne une poussée d’adrénaline, et nous fait être punis par nos mamans. C’est cette amitié qui grandira, évoluera, dans une période charnière de notre pays, de notre monde, qui va affecter nos croyances ainsi que notre perception de ce qui nous entoure. L’émergence des attentats sur notre sol. L’horreur. La peur.

L’un, froid et ambitieux, ne verra plus le monde que par le prisme du normalien qu’il est devenu et par son ambition politique grandissante. L’autre, plus rêveur, qui tombe amoureux facilement, subira ses changements, cette mutation de notre société en tant que spectateur de premier ordre, de par son métier de journaliste. Leur amitié perdure, même si elle peut donner l’impression de se fissurer parfois.

C’est l’histoire de deux petits garçons, qui ont grandi et qui ont perdu leurs illusions. C’est une histoire comptée par une plume aux doux euphémismes, aux jolis non dits, aux échecs inattendus. C’est l’histoire de deux petits garçons qui n’ont somme toute qu’une vingtaine d’année et qui ont une vie à embrasser. Malgré les chocs que leur font subir la société, ils ne doivent pas perdre de vue qu’ils sont nés heureux.

Je vous invite à lire Les Petits Garcons de Théodore Bourdeau qui fait écho aux illusions perdues de cette génération qui est la nôtre, et qui par moment, je dois bien l’avouer à tendance à me briser le cœur.

Les Petits Garçons de Théodore Bourdeau est disponible aux éditions Stock Arpège.