Une muse d’un autre siècle

2017, Biographie, Rentree Litteraire

Muse : (Nom féminin) dans la mythologie grecque, chacune des neufs déesses qui présidaient aux arts ; l’inspiration poétique souvent représentée sous les traits d’une femme. Que seraient les artistes sans les femmes qui ont jalonné leur vie ? Incomplets très certainement.

Livre, popcorn, chablis : le paradis sur terre !

Imaginez une femme de 27 ans, sans mari ni enfant, vivant à Berlin pour vivre de sa passion peu commune, j’ai nommé la composition musicale. Un portrait somme toute classique et moderne de femme du 21e me direz vous. Toutefois qu’en était-il au début du siècle dernier ? Début 1900, époque à laquelle les femmes n’avaient pas le droit de porter de pantalon, encore moins celui de voter. Et bien telle était la vie de Gabriële Buffet, au centre de la biographie éponyme écrite à quatre mains par ses arrières petites filles, Anne et Claire Berest.

La biographie n’est pas mon genre littéraire de prédilection, j’en ai lu très peu et n’ai pas d’attraits particuliers pour ce type de lecture. Pourtant, Gabriële est l’exception qui confirme la règle. Parce que l’espièglerie des femmes de la photo en noir et blanc m’a plu ; j’y ai vu de la joie, du défi et de la volonté d’avancer malgré le danger. Parce que l’orthographe de Gabriële, prénom cher à mon cœur, est atypique. Et enfin, le quatrième de couverture, qui m’a littéralement séduite : « Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient «  la femme au cerveau érotique  » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zürich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. Ce livre nous transporte au début d’un xxe  siècle qui réinvente les codes de la beauté et de la société.« 

De Francis Picabia, je ne connaissais qu’un nom, associé à la peinture et la littérature. C’est dire si ma connaissance de l’artiste était limitée. J’ai découvert un homme torturé, dont les méandres personnels ne pouvaient être soulagés que par des opiacés, et peu à même de s’occuper de ses enfants. Mais également un passionné d’automobiles, luxe ultime de son époque. De Marcel Duchamp, je ne connaissais rien ; j’ai découvert un artiste amoreux de la femme de son ami, qu’il surnomma affectueusement Gaby. De Guillaume Apollinaire, je connaissais ses recueils de poèmes, vestiges de mon année de Lettres Modernes.

Ces trois hommes ont eu de commun dans leur vie une femme de l’ombre et d’influence, une muse à l’intellect puissant, « la femme au cerveau érotique » comme se plaisait à l’appeler son mari.

A travers ma lecture, j’ai découvert une femme d’une incroyable modernité, pour une époque de révolution. Féministe avant l’heure, la vie de Gabriële était une pure vie de bohème intellectuelle. Je ne saurai trop vous conseiller ce roman qui m’a appris beaucoup de choses oubliées des manuels d’Histoire, sur le début de siècle écoulé.

Belle lecture à vous ! 🎈

Gabriële d’Anne et Claire Berest, est disponible aux éditions Le Livre de Poche.