La Sourde Oreille – Anne de Kinkelin

Feel Good

« Le clou qui dépasse appelle le coup de marteau » Ce proverbe japonais, il m’aura fallu le temps d’une lecture pour le comprendre et me l’approprier, a l’instar de Joséphine Ikeda, héroïne atypique privée en partie de ce sens qu’est l’ouïe. Etre soi-même quand on ne rentre pas dans les cases pré dessinées n’est pas toujours chose aisée, mais le faire malgré tout est une preuve de force incontestée.

La sourde oreille, Anne de Kinkelin

La restauration a longtemps été une vocation pour moi. L’une des nombreuses qui ne s’est pas concrétisée, mais celle ci à malgré toute cette place particulière dans un petit coin de ma tête. Pas de firmament ni d’étoiles en vue, mais juste le plaisir d’une table simple, où se réuniraient ceux qui aiment les plaisirs de la chair. Mais également, ceux qui s’aiment tout simplement. A défaut, j’aime en être cliente – du bistrot du coin de la rue au établissement plus huppé à nappes blanches. Une autre fois peut-être je vous parlerais de mon amour des cloches en argent.

Après avoir été privée comme tout à chacun plusieurs mois des joies d’un repas au restaurant, je me suis rattrapée dans mes lectures. Qui ont ravies mes papilles. Mais qui ont également fait montre parfois d’une violence derrière le rideau dont j’étais loin de me douter.

C’est ainsi que j’ai rencontré Joséphine Ikeda, cheffe de partie poissons dans un étoilé parisien, celle qui est devenue La Sourde Oreille : « Joséphine Ikeda était prête à tout pour réaliser son rêve  : travailler soixante-dix heures par semaine, gagner un salaire de misère, encaisser le mépris, les brimades, les moqueries. Cette fille de restaurateurs japonais exilés en Bretagne a gagné ses galons en devenant cheffe de partie poisson dans un étoilé parisien. Une spécialité peu prisée de la gent féminine, dans un monde à majorité masculine. En cuisine, comme partout ailleurs, il y a des codes. Quand ces codes sont prétextes à la violence, il y a un adage  : «  C’est le métier qui rentre.  » À l’issue d’un dîner où son chef lui fera payer cher son talent, ordonnant son renvoi, la jeune prodige atteint ses limites physiques  : perte partielle de l’audition. Les hommes, Joséphine Ikeda ne les entend plus. Passé l’effroi et dans l’espoir d’une guérison, une option  : tout changer. Et ça commence par un aller simple pour la Bretagne. »

Paris comme un traumatisme. La Bretagne comme un exil. Un sens partiellement amputé, qui renforce les quatre autres, et qui permet de se recentrer sur l’essentiel, à savoir la personne que nous sommes. Qui est-elle réellement Joséphine Ikéda ? C’est cela au final dont il est question. De la quête de sens de son existence. Du pouvoir de ses racines, de ses origines. De la violence que certain homme témoigne envers les femmes, sous couvert qu’elles ne sont que femmes. De se retrouver pour mieux avancer, et faire entendre sa voix à défaut de trouver celles des autres.

J’ai aimé retrouver la plume douce et délicate d’Anne de Kinkelin, qui m’avait tant séduite il va y avoir deux ans, avec L‘année du flamant rose. J’ai aimé retrouver sous ses mots une héroïne qui ne se sait pas forte, mais qui apprend à le devenir, pour finir par se transcender. J’ai aimé que chaque chapitre porte le nom d’un poisson, couplé de sa caractéristique propre. J’ai aimé cette lecture pour les sentiments et les gouts suscitée en moi. La Sourde Oreille a été pour ma part une belle lecture. A emporter dans vos valises cet été.

Belle lecture à vous !

La sourde oreille d’Anne de Kinkelin est disponible aux éditions Harper Collins Traversée.

Bilan Mai 2021

2021, Bilan

Trois de Valérie Perrin est disponible aux éditions Albin Michel

Au travers d’un récit conjuguant passé et présent, Valérie Perrin nous offre une histoire d’amour à toute épreuve, une histoire d’amitié indéfectible, avec Trois, où les protagonistes vont apprendre à s’aimer pour pouvoir se pardonner et continuer à vivre ensemble. Le temps d’un roman qui défile comme un film.

Trois, Valérie Perrin

L’enclave de Nicolas Druart est disponible aux éditions Harper Collins Noir

Je suis malheureusement passé à côté de l’Enclave, de Nicolas Druart. Amateur du genre cependant, je vous invite à vous fier à votre instinct et vous faire votre propre avis.

L’enclave, Nicolas Druart

Frangines, d’Adèle Bréau est disponible aux éditions le livre de poche

Gros coup de cœur pour Frangines d’Adèle Bréau, qui signe là un roman vrai, frais, doux. Tout ce dont j’avais besoin pour passer un bon moment.

Frangines, Adèle Bréau

Ce que les étoiles doivent à la nuit, d’Anne-Gaelle Huon est disponible aux éditions Albin Michel

Il y a presque un an je lisais Anne-Gaëlle Huon pour la première fois et avait été transportée par sa plume solaire, qui avait égayé ce quotidien chaotique que nous vivons tous bon an mal an depuis quelque temps. Avec Ce que les étoiles doivent à la nuit, j’ai retrouvé cette joie de vivre et d’optimisme qui mettent du baume au cœur et qui me sont devenus indispensables.

Ce que les étoiles doivent à la nuit, Anne-Gaëlle Huon

Les Possibles de Virginie Grimaldi est disponible aux éditions Fayard

C’est un roman intime que nous livre Virginie Grimaldi, mais également universel en cette relation avec nos parents, notre passé et ses moments à jamais gravés, le fait de ne pas les voir vieillir, nos craintes quant aux jours à venir. A l’instar des Possibles, à nous de rendre nos vies ensemble – ou tout du moins les instants passés – inoubliables.

Les Possibles, Virginie Grimaldi

La somme de nos vies de Sophie Astrabie est disponible aux Editions J’ai Lu

Avec La somme de nos vies, Sophie Astrabie nous livre une galerie de personnages touchants et attachants, qui vont prendre la mesure de la valeur de leurs vies, et décider de les vivre pleinement, en s’assumant tout simplement.

La somme de nos vies, Sophie Astrabie

Vice de Laurent Chalumeau est disponible aux éditions Grasset

Vice ou une lecture atypique. Il m’aura fallu une trentaine de pages pour me prendre au jeu de l’intrigue et de l’écriture incisive et à vif de Laurent Chalumeau, qui manie habilement le verbe et nous subjugue. Si vous commencez Vice, soyez certains de ne pas être en mesure de le poser avant la fin.

Vice, Laurent Chalumeau

Ainsi gèlent les bulles de savon, de Marie Vareille est disponible aux éditions Charleston

J’ai souri. Ri. Pleuré. Assez pour essuyer des larmes et sentir cette petite boule dans ma gorge se serrer au rythme des pages qui se tournaient. De ces secrets qui se révélaient. En bref, j’ai adoré ce dernier roman de Marie Vareille, Ainsi gèlent les bulles de savon, qui m’a touché au cœur.

L’enclave, Nicolas Druart

Thriller

Enclave : (nom féminin) Terrain, territoire complètement entouré par un autre, qui par essence est isolé. A cette époque où l a technologie nous permet de virtuellement connaître chaque recoin du monde, il parait aberrant que ce genre de zone blanche puisse exister. Qu’un lieu, un village, puisse receler des secrets que nul ne connaît.

L’enclave, Nicolas Druart

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une férue de cinéma, une boulimique du septième art. Ma première expérience a d’ailleurs été La Bande à Picsou et le secret de la lampe perdue. Au point qu’entre pilote de chasse et tueuse à gage dans mes choix de carrière c’était glissé « Critique de Cinéma ». Je n’ai à mon grand dame embrassé aucune de ces professions, mais c’est vous dire la passion qui m’habitait. Qui m’habite toujours soit dit en passant.

A l’instar d’un roman, je suis très exigeante : un scénario original, une bande son entêtante, un traitement de l’image atypique (et Vincent Cassel ou Jared Leto au casting) sont peu ou prou les critères qui doivent être remplis à mes yeux. Ainsi il y a vingt ans, je prenais une claque avec le Pacte des Loups et sa bête du Gévaudan. Si on omet les costumes d’époque, c’est à cette légende et cette illustration filmique, que m’a fait pensé l’Enclave, cette zone blanche où l’on dit Le Diable sévir. Cette zone blanche glaçante que nous conte Nicolas Druart : « Sur l’Enclave, tout a été dit : qu’elle serait une zone blanche perdue dans la vallée du Lot, qu’on y vivrait en parfaite autonomie, qu’une créature y régnerait sans partage… Tout a été dit, mais on préfère se taire.C’est ce à quoi le jeune adjudant-chef Stanislas Sullivan est confronté. À l’inverse de ses collègues de la gendarmerie de Buzac, il n’est pas un enfant du pays. Aussi, quand une de ses affaires, tombée au cœur de l’été, se révèle être un cas de disparitions de pèlerins reliées à l’Enclave, il va devoir ignorer les mises en garde et faire quelques entorses à la procédure. Ignorer les mises en garde, c’est aussi l’option prise par Vanessa, aide médico-psychologique, et Simon, infirmier, venus passer un week-end dans l’Aveyron. Pour ce tandem qui accompagne quatre adolescents aux pathologies variées, c’est une première. Une première aussi, cette sensation de liberté quand ils naviguent sur le Lot. Oubliant pour un temps, et à tort, les chimères menaçantes des locaux…« 

Une chaleur poisseuse et sa lourde moiteur qui se rependent en plein été caniculaire. Un lieu touristique prisé. Une légende mortifère, dont on glane ça et là des informations au compte gouttes. Des crimes et des disparitions inquiétants. Un dangereux maire voisin du nom d’Eloi Delmas qui a tout de suite pris à mes yeux les traits de Jean-Claude Dreyfuss, et son frère débile, Etienne, ceux de Dominique Pinson. L’Enclave prenant des tournures de Délicatessen. Tous les ingrédients étaient réunis pour un chef d’œuvre. Peut être même un peu trop.

Je suis d’une exigence crasse en ce moment, et plus je lis, pire c’est, je crois bien. J’ai donc été déçue par l’accumulation. Celle des mystères, des personnages atypiques, des personnages patibulaires, des scénarios croisés entre Souviens toi l’été dernier et les Experts. Par toutes ces bonnes idées qui au final, conjugués les unes aux autres, ne m’ont pas convaincue.

Je suis malheureusement passé à côté de l’Enclave, de Nicolas Druart. Amateur du genre cependant, je vous invite à vous fier à votre instinct et vous faire votre propre avis.

Bonne lecture à vous !

L’enclave de Nicolas Druart est disponible aux éditions Harper Collins Noir