Bilan Septembre 2021

2021, Bilan

Septembre : Mois de rentrée scolaire, des affaires joliment éphémères parce que neuves mais qu’on va s’amuser à user, reprise du sport et autres activités hautement sociales, comme profiter des dernières douces soirées en terrasse avec un verre de rosé.

Les jours brûlants, Laurence Peyrin est disponible aux éditions pocket

Les jours brûlants, Laurence Peyrin

Avec Les jours brulants, Laurence Peyrin nous livre un roman sublime, un road trip initiatique qui nous fait écho. Il me tarde de lire plus de romans de cette auteure.

On ne parle plus d’amour de Stéphane Hoffman est disponible aux éditions Albin Michel

On ne parle plus d’amour, Stéphane Hoffman

Je retrouve avec On ne parle plus d’amour ce qui m’avait plus dans les Belles Ambitieuses, une langueur et une paresse décrite chez les hommes, qui laissent aux femmes – et ceux bien malgré eux – l’occasion de grandir, de murir, et de prendre l’ascendant tout en finesse. Une lecture plaisante que nous offre Stéphane Hoffmann, qui permet de prolonger de quelques jours les vacances en ce mois de Septembre.

La définition du bonheur de Catherine Cusset est disponible aux éditions Gallimard

La définition du bonheur, Catherine Cusset

La promesse était trop belle pour être vraie. Loin d’être un coup de cœur pour moi, j’ai refermé le dernier Catherine Cusset, La définition du bonheur, avec cette question, qui n’attend pas de réelle réponse, « A quoi bon ? ».

Santa Mondega, d’Anonyme est disponible aux éditions Sonatine

Santa Montega, Anonyme

J’ai fermé – et quitté – Santa Mondega avec un regret, que ce dernier tome ne soit pas à la hauteur des précédents et me laisse sur ma faim. J’espère que cette fin n’est pas un adieu. Ma rentrée littéraire 2021 commence à mon grand damn à tourner au fiasco.

La définition du bonheur – Catherine Cusset

2021, Rentree Litteraire

« J’aime l’araignée et j’aime l’ortie // Parce qu’on les hait; […] //Parce qu’elles sont l’ombre des abîmes, // Parce qu’on les fuit, // Parce qu’elles sont toutes les deux victimes // De la sombre nuit » D’après Les Contemplations, de Victor Hugo. Quel plus bel incipit que celui de mon poète préféré depuis cette fulgurance qu’a été ce recueil de poèmes dédiées à sa fille décédée. Quel plus bel incipit que celui qui décrit la balance de la nature, qui conduit à l’équilibre.

La définition du bonheur, Catherine Cusset

Le bonheur. Cela pourrait aisément être un des sujets du bac de philosophie, tellement sa définition est vaste et propre à chacun. Voir le jour se lever. Sentir le cou de ma fille. Humer l’herbe fraîchement coupée. La lecture. Une liste non exhaustive de mes petits bonheurs au quotidien parmi tant d’autres. Ceux qui régulent ma vie, la cadencent et me rassurent. Un ancrage important pour moi.

Le bonheur. Celui de rendre les autres heureux, de s’accomplir en tant que personne. De ne pas se laisser entraver par les diverses embûches semés et en faire fi. Affronter dans les yeux la perte de ceux qu’on aime, la maladie, les accidents. Sombrer un moment et s’en relever plus fort.

Le bonheur. Un cadeau tombé du ciel, comme la possibilité d’être enfin une personne à part entière, sans pièce manquante au puzzle. C’est ce que vont vivre Clarisse et Eve à l’orée de leur cinquantaine respective, histoire de femmes avant tout, narrée par Catherine Cusset dans son dernier roman La définition du Bonheur. « Pour Clarisse, le bonheur n’existait pas dans la durée et la continuité (cela, c’était le mien), mais dans le fragment, sous forme de pépite qui brillait d’un éclat singulier, même si cet éclat précédait la chute ». Deux femmes : Clarisse, ogre de vie, grande amoureuse et passionnée de l’Asie, porte en elle depuis l’origine une faille qui annonce le désastre ; Eve balance entre raison et déraison, tout en développant avec son mari une relation profonde et stable. L’une habite Paris, l’autre New York. A leur insu, un lien mystérieux les unit.« 

Le titre est racoleur à mes yeux. On pense, d’une manière inconsciente, tout du moins dans mon cas, trouver des clés, des bribes, d’une définition universelle, que nous savons pertinemment ne pas exister. C’est ce titre – associée au nom de l’auteure dont j’avais adoré Le problème avec Jane – qui a happé mon attention, et qui m’a aimanté. Je crois que je m’attendais à tout sauf à ce qui allait suivre.

Ma lecture a été une déception. En ce sens où je me suis laissée emporter par ces deux vies de femmes, menées en parallèle, sans grand rapport, si ce n’est un antagonisme profond de leur vie, de leur naissance à leur foyer, de leur personnalité à leurs emplois, de leurs craintes à leurs blessures. Puis, la révélation, le twist des cent dernières pages. Dont on se doute – sinon quel intérêt à tout ça – mais qui m’a gâché en partie ma lecture. L’autre point et pas des moindres, est l’accumulation de lieux, associés au personnage, traités en surface et qui m’ont donné une sensation de profonde superficialité.

La promesse était trop belle pour être vraie. Loin d’être un coup de cœur pour moi, j’ai refermé le dernier Catherine Cusset, La définition du bonheur, avec cette question, qui n’attend pas de réelle réponse, « A quoi bon ? ».

Belle lecture à vous !

La définition du bonheur de Catherine Cusset est disponible aux éditions Gallimard

Sa vie romancée malgré soi

Thriller psychologique

Romancer: (verbe) Présenter sous forme de roman un pan d’histoire, le récit d’une existence, de certains faits, en utilisant les artifices romanesques, en ajoutant une intrigue sentimentale, des détails plaisants pour agrémenter la narration. Lorsque à l’aube de la quarantaine, tu reçois un roman et que tu lis ta vie. Je crois que si cela devait m’arriver, je serais relativement bouleversée.

Je crois que cet été j’ai eu une phase « thriller psychologique » et qu’elle a commencé avec le roman de Catherine Cusset, Le Problème avec Jane. Pourtant primée avec le Goncourt lycéen pour un autre de ses romans, Un Brillant Avenir, je n’avais jamais entendu parler de cette auteur. J’ai donc comblé une sacrée lacune avec cette plaisante lecture.

Le quatrième de couverture m’a immédiatement parlé, avec entre autre, une mise en abime de la vie d’écrivain. J’ai toujours aimé cet effet tiroir, qui permet d’évoquer des sujet plus librement mais en gardant une certaine pudeur malgré tout :

« Jane ne recevait jamais de paquet chez elle. Elle le prit. Solide, rectangulaire et plutôt lourd : sans doute un livre. Elle se battit contre l’enveloppe rembourrée, agrafée et collée. Elle en sortit une chemise en carton jaune. Une disquette tomba sur le sol carrelé avec un bruit sec. La chemise contenait un manuscrit en feuilles détachées. Sur la première page, elle lut :

LE PROBLÈME AVEC JANE

roman

Pas de nom d’auteur. Elle regarda l’enveloppe marron : pas de nom d’expéditeur. Le paquet avait été posté à New York cinq jours plus tôt. Elle parcourut rapidement les premières pages. Il s’agissait d’elle. Quelqu’un de bien informé. Le manuscrit comptait trois cent soixante pages et s’achevait sur cette phrase : « En bas elle trouva le paquet avec le manuscrit. »

Quel peut bien être ce problème qui nécessite qu’on écrive un roman à une femme ? Quel peut bien être cette personne qui connaît votre vie, de votre adolescence à la maturité de femme, et se permette de revendiquer un quelconque problème ? Comment réagirais-je si un écrit me débitait tout de go que j’avais un problème ? Ce sont les questions que je me suis posée à l’ouverture de ce roman.

Le procédé stylistique de mise en abime du roman nous donne une double lecture assez interessante. En effet, nous, lecteurs, nous faisons une image de Jane à travers sa vie romancée par un tiers. Mais également quant aux réactions que cette lecture suscite chez elle. Elle apparaît tour à tour faible et forte, terne et lumineuse. Un personnage double donc , grâce un habile jeu de points de vue.

Nous rencontrons en fait une femme brillante, docteur en littérature émérite, qui professionnellement trace son sillon. Mais qui sur un plan personnel peine à trouver un équilibre (N’a pas un parangon de patience comme Éric de conjoint qui peut !). Qui a vécu des drames personnels aussi. Et c’est à travers le prisme de ces derniers que Jane peine à trouver l’auteur de ce manuscrit. Ceux susceptibles de savoir n’aurait jamais osé faire cela. Mais connaît on bien les gens dans le fond ? Sont ils aussi bons qu’ils prétendent l’être ?

Le problème avec Jane est peut être qu’il n’y en a aucun après tout. Catherine Cusset signe un thriller psychologique plaisant et vrai, sur la vie d’une femme, qui est somme toute la vie des femmes. Tout simplement.

Belle lecture à vous ! 🎈

Le Problème avec Jane de Catherine Cusset est disponible aux éditions Folio