Alceste

Thriller psychologique

Mutisme : (nom masculin) Refus ou incapacité psychologique de parler. Si la parole se tarit, comment communiquer ? Comment être compris ? Quels visages prennent alors réalité et mensonge ?

Dans son silence, Alex Michaelides

Depuis que j’ai suivi des cours d’histoire de cinéma, j’ai une certaine frustration dans la lecture de thriller, et psychologique de surcroît. Le rapport peut sembler inexistant de prime abord, mais tout est une question de mécanique. Celle de la construction narrative. Et les rouages sont malheureusement les mêmes. Les ficelles ont été montrées, la magie a cessé. Je n’ai de cesse que d’appliquer ce qui m’a été appris, à mon corps défendant.

Malgré tout, je ne veux pas me priver du plaisir de la lecture de ce genre que j’affectionne. Depuis ma découverte de Sir Arthur Conan Doyle et Agatha Christie. Et c’est avec un plaisir non feint que je me suis lancée dans la lecture de Dans son silence, premier roman d’Alex Michaelides, dont les critiques sont plus qu’élogieuses. Peut être allais je être surprise. « Alicia, jeune peintre britannique en vogue, vit dans une superbe maison près de Londres avec Gabriel, photographe de mode. Quand elle est retrouvée chez elle, hagarde et recouverte de sang devant le cadavre de son mari défiguré, la presse s’enflamme. Aussitôt arrêtée, Alicia ne prononce plus le moindre mot, même au tribunal. Elle est jugée mentalement irresponsable et envoyée dans une clinique psychiatrique.
Six ans plus tard, le docteur Theo Faber, ambitieux psychiatre, n’a qu’une obsession : faire reparler Alicia. Quand un poste se libère dans la clinique où elle est internée, il réussit à s’y faire embaucher et entame avec elle une série de face-à-face glaçants dans l’espoir de lui extirper une parole. Alors qu’il commence à perdre espoir, Alicia s’anime soudain. Mais sa réaction est tout sauf ce à quoi il s’attendait… »

L’Art. L’art comme unique moyen de communiquer ses émotions. L’art comme vecteur de sentiments, de ressentiments. L’art comme une énigme abstraite qu’il faut apprendre à déchiffrer, sa patience en bandoulière. Objet de convoitise et d’envie. D’abnégation et de salut.

La parole. La Parole comme vecteur de mensonges et d’ignominie. Celle par qui le malheur arrive. Car même si c’est une vérité – non absolue – qui est dite, elle n’est malgré tout pas belle à entendre. Surtout quand c’est sur elle qu’un individu se construit.

L’écriture. L’écriture comme légende d’une vie. L’intime dans un journal que l’on veut personnel. Qui se meut en pièce à conviction. Conviction d’innocence. Conviction de culpabilité. Tout est une question de polarité.

Et c’est par cette polarité que l’intrigue ne noue et se dénoue devant nos yeux. Et qu’elle nous surprend et nous tient en haleine tout du long. Coup de chapeau à Alex Michaelides qui signe un roman à la psychologie fine et soignée avec Dans son silence. Certes, j’avais trouvé la fin au milieu de ma lecture, mais pas tous les artifices liés.

Belle lecture à vous !

Dans son silence, d’Alex Michaelides est disponible auxEditions Le Livre de Poche