Appelle moi par ton nom – André Aciman

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Souvenir : (nom masculin) Ce qui revient ou peut revenir à l’esprit des expériences passées ; image que garde et fournit la mémoire. La première vraie histoire d’amour, le premier coup de foudre, la première rupture, celle qui fait si mal qu’on pense ne jamais s’en relever, son autant de souvenirs qui font ceux que nous sommes. Il n’est pas bon de vivre dans le passé, mais il est bon de chérir ses souvenirs, aux gouts de douce madeleine proustienne.

Call me by your name, Andre Aciman

L’été. Pas ma saison préférée, ce serait même l’opposé. Né en février enneigée, je préfère de loin les courtes après midi d’hiver, et les lumières qui tirent de sa torpeur la nuit profonde et sombre. Pourtant l’été. Cette période de vacances, de vies hors du temps qui se rythment au gré des envies, des opportunités. L’été. Cette saison propice à la torpeur, aux rencontres éphémères, de celles qui sont vite oubliées, de celles qui vous accompagnent pendant votre vie.

17 ans. L’âge de tous les possibles, de toutes les envies. L’entrée dans l’âge adulte en arborant toujours un visage poupin, que l’on croit pourtant effacé mais que l’on se plait à retrouver sur les photos, moments figés d’instants volés. L’âge de tous les émois, de toutes les séductions. L’âge auquel nos idées, notre éducation, choses que l’on prenaient pour acquises peuvent parfois voler en éclat. Pour le meilleur.

Une passion estivale se voulant tour à tour partie de cache cache, de je t’aime moi non plus, de séduction et de plaisir, bienvenue dans ce doux roman qu’est Call me by your name d’André Aciman : « 1983. Pour Elio, c’est l’été de ses 17 ans. Ses parents hébergent Oliver, un jeune universitaire, dans leur villa en Italie. Entre les longs repas, les baignades et les après-midi sous la chaleur écrasante, commence une partie de cache-cache avec cet Américain brillant et séduisant. Un temps fait d’attente, d’espoirs, de doutes et de rejet. Avant que tous deux cèdent à ce sentiment plus grand qu’eux. »

Ce sont les pensées d’Elio qui guident l’intrigue, sous forme d’un long monologue, de longues introspections. sur ce sentiment nouveau qu’est le sentiment amoureux. Sur ce sentiment nouveau qu’est l’attirance pour un homme, qui lui plait et qui le trouble, à qui il veut plaire et par qu’il veut être compris.

Sa passion naissante va se heurter à des principes, sorte de muraille qu’il érige entre lui et ce bonheur qu’il touche du bout des doigts. Ce bonheur qui le torture au plus profond de ces entrailles et dont il apprend à jouir au fil des jours.

Call me by your name se lit d’un souffle. L’intimité d’Elio nous ai livré nue, sans ambages ni fioritures. André Aciman nous livre la confession d’un jeune homme aux proies au sentiment amoureux et aux diverses tortures et joie que cela apporte. Aux marques indélébiles que cette histoire a laissé en son âme et en son cœur.

Belle lecture à vous !

Call me by your name est disponible aux éditions Grasset ainsi qu’aux éditions Le livre de poche

La part des flammes – Gaelle Nohant

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Bazar : (nom masculin) Etat de ma chambre. Mais également, lieu, magasin où l’on vend toutes sortes d’objets, d’ustensiles. En 1885 voit le jour le Bazar de la Charité, vente de bienfaisance au profit des plus pauvres. Il deviendra tristement célèbre, douze ans plus tard, en proie à un incendie meurtrier.

Des quatre éléments de la matière, j’ai toujours eu une préférence, voire une fascination pour le feu. Je suis de ceux qui pourraient rester des heures durant contempler l’âtre d’une cheminée, lorsque les bûches craquent et que les flammes valsent, dans un nuancier de rouge orangé. Le feu et sa fonction réconfortante. Le feu et son pouvoir salvateur. Mais destructeur également. Une étincelle jaillit et le paysage se retrouve dévisagé.

Fin du dix-neuvième siècle à Paris, la royauté et l’empire ont fait place à la République, supprimant par la même l’autorité de l’Eglise sur l’Etat. Nous sommes en pleines mutations, la Révolution a laissé son empreinte et la Noblesse a perdu de sa superbe et de son emprise. La Bourgeoisie occupe le devant de la scène et l’échiquier social est plus que branlant.

C’est dans ce contexte inédit, qu’en 1897, alors que le Bazar de la Charité bat son plein le feu va s’embraser, devenant pour certains un ultime piège funeste. Ce drame fit définitivement basculer Paris dans le vingtième siècle. Ce décor sert à merveille le roman de Gaëlle Nohant, la Part des Flammes. « Mai 1897. Pendant trois jours, le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers la charismatique duchesse d’Alençon. Au mépris du qu’en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l’assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d’Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles. Dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, la bonté de Sophie d’Alençon leur permettra-t-elle d’échapper au scandale ? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l’incendie du Bazar de la Charité. »

C’est l’histoire de Paris, défiguré en son sein par un incendie motel, mais c’est avant tout l’histoire de trois femmes, que rien ne liaient mais qui muent par ce sentiment troublant de se comprendre malgré tout vont voir leur destin inexorablement lié.

C’est l’histoire de trois femmes qui font fi des conventions et du qu’en dira -t-on. Des femmes blessées dans leurs chaires et leurs sentiments les plus nobles, qui ont vécu mille tourments mais marchent la tête haute. C’est l’histoire d’une société patriarcale mise à mal et qui pointe du doigt, étiquette d’hystérique celles qui osent faire preuve de livre arbitre. Cette part des flammes est avant tout la part des femmes.

La plume de Gaëlle Nohant, gracieuse et documentée, nous plonge avec délectation dans ce Paris d’entre deux siècles, en recherche de son identité, qui fait la part belle aux femmes frondeuses et indépendantes, avec son roman La Part des Flammes.

Belle lecture à vous !

La Part des Flammes de Gaëlle Nohant est disponible aux éditions Le livre de Poche

La main de l’injustice

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Vengeance : (nom féminin) dédommagement moral de l’offensé par punition de l’offenseur. Certes, ce n’est pas un procédé très moral. Dans certain cas il s’avère malgré tout un juste retour des choses, un équilibre rétabli. Et plus elle est calme et réfléchie, plus ses répercussions se font violemment sentir. Ne dit on pas après tout que la vengeance est un plat qui se mange froid.

Couleurs de l'incendie, Pierre Lemaître

Ourdir une vengeance sur le long cours n’est pas chose aisée. Tarantino en a d’ailleurs fait un superbe long métrage, scindé en deux volumes, j’ai nommé Kill Bill. Madeleine Péricourt est bien loin de l’image pop culture de la Mariée, mais le postulat de base reste le même. La femme bafouée rendra la monnaie de sa pièce à ses offenseurs, quoi qu’il en coute. On ne s’attaque pas au petit d’une louve impunément.

Nous l’avions laissée enceinte dans Au revoir là-haut, en personnage secondaire, effacée, dont la force de caractère nous a pleinement dévoilée au fil des pages. Émancipée de son gourgandin de mari mais coûte que coûte fidèle à son père. C’est en véritable chef de famille que nous la retrouvons dans Couleur de l’Incendie, deuxième opus de la trilogie de Pierre Lemaitre, Les enfants du désastre.

« Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l’empire financier dont elle est l’héritière. Mais elle a un fils, Paul, qui d’un geste inattendu et tragique va la placer sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l’adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage, Madeleine devra mettre tout en œuvre pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d’autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l’incendie qui va ravager l’Europe
« 

1927. La France continue a panser les douloureuses blessures infligées par cette guerre mortifère qu’a été la Première Guerre Mondiale. Le peuple gronde. Une économie nouvelle se dessine. A ce chaos national, va s’ajouter le naufrage de la famille Péricourt. Un décès. Une chute aux conséquences tragiques. La ruine et le déclassement. Ces trois événements n’ont rien et tout à voir à la fois, car il concerne une femme, Madeleine Péricourt, qui en un battement de cil voit son monde s’effondrer.

1933. Six ans ont passé. La facisme monte en Italie et en Allemagne. La France est vue comme une ennemie. Le peuple assommée de taxe se soulève et bat le pavé pour survivre. La colère de Madeleine est intacte, froide, calculée. Les masques sont tombées et la vérité est sue. Elle fera payer aux trois hommes les conséquences de leurs actes, et de leurs agissements qu’ils croient aux dessus des lois.

Nous assistons à une intrigue finement menée, tel un roman d’espionnage, doublée d’un cour d’Histoire, au sein d’une Europe en proie à des mutations sociétales et sociales, qui déboucheront sur la Seconde Guerre Mondiale. Au fil des pages de Couleurs de l’incendie, Pierre Lemaitre avec un talent de conteur hors pair, nous fait revivre les prémices de cet incendie qui a ravagé l’Europe – et le Monde – avec une violence sans précédant.

Bonne lecture à vous !

Couleurs de l’incendie de Pierre Lemaitre est disponible aux éditions Le Livre de Poche