Deuil : (nom masculin) Douleur, affliction que l’on éprouve à la mort de quelqu’un. Mais pas que, cela veut également signifier se résigner à être privé de quelque chose de capital pour soi. De sa liberté de choisir, d’une amitié ourlée de sororité, de ses désirs les plus chers nourris en son sein. Les nouvelles les plus belles peuvent ainsi être entachées des pires maux.

« Quand je serai grande, j’adopterai mon enfant. Je ne veux pas avoir de bébé dans le ventre. Tu me diras où est le magasin des bébés et j’irai en acheter un. » Ce que j’aime chez les enfants, c’est leur vision de la vie pure et sans encombres. A chaque problème, sa solution. Cette phrase d’accroche peu commune qui m’a value d’éclater de rire vous est gracieusement offerte pour aborder ce thème à la fois beau, mais tabou qu’est la maternité.
La maternité. Le fait de devenir une Maman, cet état de grâce, de neuf mois de gestation, n’est pas vécu par toute de la même manière. N’est tout simplement pas vécue par toute. Par choix, par problèmes de santé ou pour pléthores raisons intimes, qui ne regarde personne, sinon celle qui est concernée. Certaine font exulter à l’apparition des deux traits sur leur tests de grossesse, d’autres vont redouter ce moment. Certaines vont vivre le traumatisme d’une fausse couche, d’autres provoqueront le traumatisme de l’avortement. Certaines vivront neuf mois de plénitudes, quand d’autres vivront un véritable calvaire voire seront dans le déni le plus absolu.
La maternité. Une perception personnelle et propre à chacune, à son passé, ses envies. En bref, sa vie. Et ce n’est pas Jade, l’héroïne d’Un jour de plus de ton absence de Mélusine Huguet qui me contredira : » Félicitations, madame Loiseau. Vous allez être maman ! » Fonder une famille avec Antoine, c’est le rêve de Jade depuis le tout premier jour de leur amour. Elle devrait nager en plein conte de fées : Antoine est fou de joie, ils ont la trentaine, des situations professionnelles stables, un appartement avec une chambre supplémentaire et des familles aimantes, toutes prêtes à accueillir cette nouvelle vie. Une seule ombre plane sur ce tableau idyllique : celle du mensonge qui dévore progressivement Jade… »
Etre une femme au vingt et unième siècle, qu’est ce que cela implique ? Au regard des thèmes abordées par l’auteure, le deuil et la résilience. La violence prédominante de la vie à notre encontre. Des autres – des hommes – par ces maux qu’ils peuvent nous infliger, de leurs poings, de leurs mots, de leurs chairs. Des autres – des femmes – qui se jugent sans se comprendre, telle une compétition au long court. Des injonctions de la société – tu seras mère ma fille -, des maladies inhérentes à notre sexe qui atteignent notre féminité et notre être. Ce danger permanent qui nous étreint. Le parcours de Jade est effrayant. Parce qu’il semble trop vrai, parce qu’il doit exister malheureusement trop souvent.
Par ma personnalité – constructrice de fortins protecteurs autour de ma personne (je suis un oignon) – je me protège de cette violence au quotidien et tend vers un espoir que la vie n’est pas une épreuve pour tout un chacune. Tout un chacun. De fait, je suis passée en partie à côté du roman.
Bien qu’il soit une belle découverte Un jour de plus de ton absence, de Mélusine Huguet qui aborde les problématiques fortes et par la même absurdes de notre société. A mes yeux, la vie devrait primer sur la survie.
Belle lecture à vous !
Un jour de plus de ton absence, de Mélusine Huguet est disponible aux éditions Charleston