L’Étalon Péruvien Pâle

Horreur

Uberiser : (verbe transitif) modifier un marché en appliquant celui utilisé par l’entreprise Uber. Pourquoi pas l’appliquer au marché de la drogue après tout, à la livraison de vos sushis du vendredi se juxtapose celle de psychotrope à l’usage absolument  répréhensible et tout à fait illégal, cela va sans dire.

Allez tous vous faire foutre, d'Aidan Truhen

Du cinéma contemporain, j’affectionne particulièrement deux réalisateurs. Quentin Tarantino et Guy Ritchie. Ils ont un talent certain pour peindre des portraits de paumés au bord de la rupture couplé de dangereux sociopathes. Dont on se prend d’affection. Je n’irai pas jusqu’à dire auxquels on s’identifie. Quoique. Le tout sur une bande son rock et planante. Un cocktail hautement addictif;

J’ai retrouvé cette douce folie aromatisée d’hémoglobine sous la plume échevelée d’Anonyme. Point de drogue mais du Bourbon et de la bière en guise d’essence, pour un feu d’artifice de foutraque et politiquement incorrect. Le genre de lecture qui me fait éclater de rire seule dans les transports en commun. D’autant plus seule, que la couverture gracieuse d’Allez tous vous faire foutre d’Aidan Truhen est le meilleur moyen d’obtenir une place assise pour son sac à main : « Jack Price est à la cocaïne ce qu’Über est au transport. C’est un criminel en col blanc, parfaitement organisé, avec une force de vente décentralisée et un produit de marque. Quand sa voisine du dessous se fait tuer, façon exécution, Jack doit savoir pourquoi. C’est une simple question de business et de sécurité personnelle, mais quelqu’un n’aime pas qu’il la pose. La preuve : les Sept Démons, probablement les sept personnes les pires de la terre, ont été engagées pour le liquider. Grosse erreur. Énorme erreur. Parce que maintenant Jack n’est plus obligé de se contenir. Il n’a plus aucune raison de faire profil bas, aucune raison d’obéir aux règles. Cette histoire raconte donc ce qui se passe quand un groupe de mercenaires internationaux s’en prend à un type relax et du genre bavard qui est en fait complètement barje. »

Jack Price. L’anti heros élégant. Tout en discrétion et distinction. Un parangon de péchés en col blanc qui se mue en psychopathe quand sa vie est sous contrat d’exécution. Sept mercenaires aiguisés comme des lames de couteaux qui ont maille à partir avec ce fieffé gourgandin, qui sème le chaos par ses méthodes peu orthodoxes et très imaginatives. Le règlement de comptes prend ici toutes ses lettres de noblesse dans cet aventure des 7 méchants et du psychopathes en goguette.

Le traitement de l’intrigue est unique en son genre. Un récit d’une traite par un narrateur omniscient, aux phrases concises et à la ponctuation lapidaire. Une lecture haletante sans vraie fil directeur si ce n’est que découvrir pour quel raison un gougnafier à dessouder la paisible vieille voisine. Le postulat de base est littéralement improbable. et c’est ainsi qu’on rentre dans la tête d’un véritable barjo en littéral pétage de plomb au niveau de sa personne. Le pire dans tout cela ? C’est que je me suis amusée comme une petite folle.

Allez tous vous faire foutre d’Aidan Truhen est un ovni littéraire qui m’a ravie autant que régalée. Je n’avais pas autant ri d’absurde dans une lecture depuis longtemps. Amateur d’humeur noir, ce roman est fait pour vous. Âmes sensibles s’abstenir.

Bonne lecture barrée à vous !

Allez tous vous faire foutre, d’Aidan Truhen est disponible aux éditions 10/18

liberté chérie

Horreur

Taxidermie : (nom féminin) art de préparer, d’embaumer les animaux morts. Aux XIXe siècle, ces derniers étaient exposés dans des cabinets de curiosité ou servaient de modèles aux artistes peintres. Cet art permet d’insuffler de réparer un corps et de lui redonner une splendeur factice.

La fabrique de poupées, Elizabeth Macneal

Il y a quelques semaines, via l’intermédiaire de My Little Book Club, j’ai eu la chance de rencontrer Elizabeth Macneal pour la sortie de son roman La Fabrique de Poupées. Je me suis plu à l’écouter parler de son roman, d’une cheminement qu’à été l’écriture dans sa vie, et la tournure qu’a prise cette dernière. Le tout comté avec cet accent écossais, que je chéris, tant depuis mon Erasmus.

L’auteure nous entraîne dans la période historique qu’elle préfère, la fin du XIXe siècle. Celle d’un Londres crasseux et bruyant, aux proies en changement. Magnifiquement traduite par la place centrale de l’Exposition Universelle, au cœur de l’intrigue. Nous sommes dans le Londres digne de Sherlock Holmes : « Londres, 1850. L’Exposition universelle va bientôt ouvrir ses portes dans le tout nouveau Crystal Palace, et les badauds se pressent pour venir admirer cette merveille. Parmi eux, Iris, modeste employée dans un magasin de poupées, à la beauté mâtinée de difformité, qui rêve de devenir artiste peintre. Et puis il y a Silas, taxidermiste amateur de macabre et de curiosités, désireux d’y exposer ses créatures. Ces deux-là se croisent, et leurs destins en seront à jamais bouleversés. Iris accepte bientôt de poser pour Louis Frost, un jeune peintre préraphaélite. Avec lui, le champ des possibles s’élargit, et le modèle, avide de liberté, découvre peu à peu l’art et l’amour. Mais c’est compter sans Silas, qui rôde non loin de là, tapi dans l’ombre, et n’a qu’une idée : faire sienne celle qui occupe toutes ses pensées, jusqu’à l’obsession... »

C’est l’histoire d’une émancipation. Celle d’une enfant devenue adulte, qui brave ses parents pour sa liberté. D’une sœur jumelle revendiquant son identité propre, peu importe ce que que l’autre peut penser d’elle. D’une jeune femme voulant vivre de son art, à l’égard de ses pairs masculins. C’est l’histoire d’un amour libre qui fait fi des conventions de l’époque. Mais c’est également l’histoire d’une fascination morbide, pour une image volée, une vie rêvée, un instant égaré.  Une ombre plane, tapi dans les recoins poisseux de la ville.

Ce chemin vers la liberté ne va pas sans embûches. D’une éducation stricte, aux jugements puritains à la vie de bohème et la muse d’un peintre et de son wombat, Iris au cheveux et tempérament de feu va faire faire éclater la cloche de verre qui la maintenait au statut de Poupée de porcelaine, pour se mettre à marcher et gagner le droit d’être celle qu’elle désire tant être.

Sur le papier, La Fabrique de Poupées d’Elizabeth Macneal a tout pour plaire. L’idée est belle et l’époque est plaisante à lire. Je me suis malgré tout un peu ennuyée, trouvant le style un peu trop ampoulé et certaine scène longue et inutile. Je vous laisse vous faire votre propre idée.

Belle lecture à vous !

La Fabrique des Poupées d’Elizabeth Macneal est disponible aux Éditions Presse de la Cité.

Le Diable est dans les détails

2019, Horreur

Pacte : (nom masculin) Accord solennel conclu entre deux ou plusieurs personnes. Le plus connu reste celui du Faust de Marlowe qui vend son âme à Méphistophélès. Ce genre de transaction ne vas pas sans perdre quelque chose, se révélant souvent plus précieux que ce que l’on souhaite obtenir de prime abord. Dans le cas du Kid, c’est sa descendance qu’il a jeté en pâture au Diable. Sans conteste, un homme charmant.

Que le Diable l’emporte, Anonyme

La rentrée Littéraire. C’est un peu la fashion week du lecteur. On repère des tendances, on scrute les nouveautés du coin de l’œil, tout en ayant en tête que quelques bons basiques ne nous décevront normalement jamais. En bref, nous sommes à l’affût du moindre détail qui créera chez nous un engouement plus que passager. Cela peut malheureusement déclencher quelques effets secondaires. Ces derniers vous conduiront à rentrer dans chaque librairie que vous croisez, pour en ressortir les bras plus que chargés d’ouvrages de variables qualités. Dans quelques cas, un heureux hasard s’en mêle et vous épargne le problème fatidique du choix.

C’est ainsi qu’en aout dernier, les éditions Sonatine m’ont contactée afin que je reçoive, en amont de cette rentrée littéraire 2019, et de lire accessoirement, le dernier volet des aventures du Bourbon Kid. J’ai bien volontiers accepté, voulant savoir ce que réservait l’avenir proche à mon anti héros préféré. Mon peu de retard rattrapé, me voilà donc lancée, dans ce qui semble être une dernière ligne droite : « Tout le monde pensait que le tueur le plus impitoyable que la Terre ait jamais porté était mort. Et bien non. Le Bourbon Kid est bel et bien vivant. Ce qui est une très mauvaise nouvelle. Pour tout le monde, mais surtout pour lui. Plutôt que de profiter d’une paisible retraite plus ou moins méritée, notre homme va en effet devoir régler quelques dettes. Avec à ses trousses toutes les bonnes et les mauvaises âmes de ce monde, le Kid a la très mauvaise idée de se réfugier dans un monastère où sommeillent de sombres secrets. S’il a l’habitude d’affronter des vampires, des bikers, des ninjas, des policiers assermentés et autres créature de l’enfer, faire face à un moine fou et des nonnes psychotiques est une autre paire de manches. »

C’est toujours un plaisir que de suivre les tribulations du Kid, surtout quand celui-ci essaie de reprendre le cours d’une vie normale, celle d’un jeune retraité des massacres sanglants, en cavale de surcroit. Comprendre ici une vie où l’on creuse des tunnels comme preuve d’amour, et où le roadtrip de Thelma et Louise s’avoisine à une promenade de santé pour asthmatique.

Une fois n’est pas coutume, l’intrigue a été longue à se mettre en place, peut être un peu trop à mon gout. Mais Anonyme a su se rattraper, et il est tout pardonné. Nous suivons donc les Dead Hunters d’un côté, de retour à Santa Montega, et le Bourbon Kid, de l’autre, en proie à des nonnes psychotiques. En avant pour un plongeon en direct dans un épisode d’American Horror Story. Ajoutez à cela une pincée de ninjas, un Comte Dracula, revenu de l’Enfer, assoiffé de sang et d’empaillage d’humain, un zeste de Diable en costume rouge, et vous passerez un agréable moment délirant.

Dans la lignée des autres romans de la série d’Anonyme, Que le Diable l’emporte ferme toutes les portes qu’il a ouvertes, même si la fin laisse présager que le Kid nous revienne une nouvelle fois pour accomplir son apocalyptique destin. Cette aventure ne semble définitivement pas être la dernière. Fort Heureusement !

Belle lecture (déjantée) à vous !

Que le Diable l’emporte d‘Anonyme est disponible aux éditions Sonatine.