Jackie et Lee – Stéphanie des Horts

Biographie

Sœur : (nom féminin) Personne de sexe féminin, considérée par rapport aux autres enfants des mêmes parents. Mais encore nom donné à une femme à laquelle on est lié par une grande tendresse. Dans ce cas présent, par une jalousie malsaine qui tend à vouloir devenir l’autre, au point de se perdre elle-même. 

Jackie et Lee, Stéphanie des Horts

Des sœurs Bouviers, je connaissais surtout Jackie Kennedy. En tant que First Lady du président assassiné durant son mandat, j’ai nommé John Fitzgerald Kennedy. Mes cours d’histoire  de Terminal évoquant surtout la Guerre Froide, je me rappelle surtout la crise des missiles de Cuba. Et le meurtre à Dallas. Quant à Lee Radziwill, son nom m’évoquait rapidement une lecture d’été( comprendre peu de mots lus, mais un visionnage compulsif de photos) dans un Paris Match quelconque quelque peu anti daté.  Voici peu où prou l’état de mes connaissances quant à ses deux sœurs.

Avec ce roman biographique hyper documenté qu’est Jackie et Lee, Stéphanie des Horts nous dresse sans pathos, ni emphase, avec la froideur et la précision d’un chirurgien les faits marquants des vies de ses deux sœurs. Inextricablement liées. L’aînée, qui vend son bonheur au profit d’un statut social. La cadette, qui envie son aînée au point de ne jamais goûter ce bonheur qu’elle a pourtant à portée de main.  « Deux sœurs. Un destin. Américaines. Chic. Glamour. Deux sœurs intelligentes et belles. La première aura tout, la seconde en rêvera. La première épouse un président et s’érige en symbole. La seconde s’unit à un prince sans fortune et sans gloire. Jackie et Lee Bouvier entrent dans la légende. Leurs amants s’appellent Gianni Agnelli ou Aristote Onassis. Elles fréquentent Cecil Beaton, Andy Warhol, Mick Jagger. Elles lancent les Hamptons, font vibrer Palm Beach. Sur la côte amalfitaine, Benno Graziani shoote à tout va pour Paris Match, c’est la dolce vita… Et soudain, le drame : Dallas, 22 novembre 1963.  Jackie va enfin faire profil bas, songe Lee. Elle se trompe, Jackie se prend pour le soleil et Lee marche dans l’ombre de son aînée. De l’Inde de Nehru à la Ve avenue, du bal Noir et Blanc de Truman Capote aux pontons de Martha’s Vineyard, Jackie Kennedy et Lee Radziwill s’affrontent à coups de secrets inavouables, de serments bafoués et de testaments que l’on préférerait oublier. Alors, les sœurs Bouvier, des filles infréquentables ou les dernières princesses de l’Amérique ? »

La Guerre Froide. Je crois que cette crise définit parfaitement leur relation fusionnelle faite de coup bas et de coup en traître. Basée sur l’amertume et la jalousie, la vanité et l’idée puissante qu’elles sont nées pour accomplir quelque chose dont nul autre ne pourra se vanter. Deux femmes, maîtresse de leur destin, à qui tout réussi. Deux femmes qui ne m’ont jamais autant semblé antipathique, par leurs attitudes. Elles sont le nombril de leur monde, écrasant tout sur leur passage – maris, amants, enfants compris. Elles ont vendu leurs âmes pour briller dans un firmament éphémère. Deux sœurs pour un royaume qui n’était pas de taille à supporter deux égos aussi démesurés.

Je lis très rarement de roman biographique. Pour je m’en délecte à chaque fois à ma grande surprise. Ma lecture de Jackie et Lee de Stéphanie des Horts a changé la donne. J’ai aimé lire la vie de ces deux femmes, que j’assimilais à des images de papier glacé. Qui se dont données les moyens de vivre cette vie hors du commun. Vie qu’elles se sont partagées, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas qu’elles n’ont eu de cesse de franchir.

Belle lecture à vous !

Jackie et Lee, de Stéphanie des Horts est disponible aux éditions Albin Michel

Match Point

Biographie

Amoral : (adjectif) qui est contraire aux mœurs, aux règles admises et pratiquées dans la société. Cela relève également de notre libre arbitre et de notre éducation, nous n’avons pas tous le même degré d’exigences et de justesse. 

Même les Monstres, de Thierry Ilouz

Match Point. C’est ce film de Woody Allen qui m’est venu en tête suite à ma première lecture de Même les Monstres. Pas tant dans le traitement de l’intrigue que sur la définition de la moralité, de l’amoralité. Nous sommes dans un tableau tout en nuances de ce qui est acceptable, de ce qui ne l’est pas. Loin d’une vision manichéenne, et donc simpliste,  des mœurs sociales.

Il y a quelques semaines, j’ai reçu une invitation de la part de la maison d’édition L’Iconoclaste, qui m’était encore inconnue jusqu’à ma lecture de La Vraie Vie, d’Adeline Dieudonné. J’étais conviée à assister à la lecture d’un ouvrage par l’acteur Charles Berling. Cet ouvrage, Même les Monstres de Thierry Illouz. J’ai accepté pour mon plus grand plaisir. Et me suis empressée de me procurer ce livre.

Mon côté scolaire et (autoproclamé) bonne élève ayant tendance à ressortir par moment, j’ai lu avec assiduité cette nouvelle sociale. Et j’ai découvert un auteur, Avocat au barreau d’Amiens, humaniste et humain. Une belle personne, qui part du postulat cher à ma Maman, qu’est celui de la bonté intrinsèque de l’Homme. La société, la famille, l’éducation, le milieu social, sont autant de vecteurs qui peuvent influer, qui peuvent faire basculer. Voici ce qu’en dit le quatrième de couverture : »«Je voudrais que l’on dise ce que vivent les gens, que l’on raconte les quartiers, les immeubles, l’argent qui manque, l’absence de reconnaissance. Je voudrais oser les mots ghetto, stigmatisation, relégation. Je voudrais appeler à la clémence, au doute. Je voudrais que l’on se soucie des abandonnés. » Il est avocat pénaliste depuis trente ans. Enfant des cités, sa vocation est née de son histoire. Et parce que la misère côtoyée par le passé est celle qui fabrique les monstres défendus aujourd’hui, Thierry Illouz lance un appel. Pour qu’enfin on regarde l’autre, dans le box des accusés. Celui qui nous effraie, celui que l’on condamne. Et qu’il est urgent de comprendre. »

J’aime son postulat que les monstres n’existent que dans les livres pour enfants, et qu’ils seraient somme toute trop simple de résumer à un mot les actes qui peuvent nous sembler les plus ignominieux. Je me suis aussi rappelé les mots de mon professeur de droit lors de mes études. Il nous avait expliqué que les cas les plus intéressants pour les avocats étaient aussi les plus amoraux.

J’ai apprécié hier la lecture de cet ouvrage par Charles Berling. C’est la première fois que je me prêtais à l’exercice et je dois dire que j’aimerais le réitérer. Une madeleine de Proust peut être de mes années de petite école, où l’on nous comptait l’histoire avec ferveur. J’ai aimé l’émotion et la pudeur de Thierry Illouz suite à l’écoute de son récit. Les mots justes qu’il avait pour qualifier des maux.

En bref, je vous invite à lire ou à écouter Même les Monstres de Thierry Illouz, ouvrage qui m’aura fait réfléchir et qui nous montre un univers peu connu, tout du moins pour moi, celui des avocats, des juges, de la justice, de l’injustice.

Belle lecture à vous !

Même les Monstres de Thierry Illouz est disponible aux Editions L’Iconoclaste.

Une muse d’un autre siècle

2017, Biographie, Rentree Litteraire

Muse : (Nom féminin) dans la mythologie grecque, chacune des neufs déesses qui présidaient aux arts ; l’inspiration poétique souvent représentée sous les traits d’une femme. Que seraient les artistes sans les femmes qui ont jalonné leur vie ? Incomplets très certainement.

Livre, popcorn, chablis : le paradis sur terre !

Imaginez une femme de 27 ans, sans mari ni enfant, vivant à Berlin pour vivre de sa passion peu commune, j’ai nommé la composition musicale. Un portrait somme toute classique et moderne de femme du 21e me direz vous. Toutefois qu’en était-il au début du siècle dernier ? Début 1900, époque à laquelle les femmes n’avaient pas le droit de porter de pantalon, encore moins celui de voter. Et bien telle était la vie de Gabriële Buffet, au centre de la biographie éponyme écrite à quatre mains par ses arrières petites filles, Anne et Claire Berest.

La biographie n’est pas mon genre littéraire de prédilection, j’en ai lu très peu et n’ai pas d’attraits particuliers pour ce type de lecture. Pourtant, Gabriële est l’exception qui confirme la règle. Parce que l’espièglerie des femmes de la photo en noir et blanc m’a plu ; j’y ai vu de la joie, du défi et de la volonté d’avancer malgré le danger. Parce que l’orthographe de Gabriële, prénom cher à mon cœur, est atypique. Et enfin, le quatrième de couverture, qui m’a littéralement séduite : « Septembre 1908. Gabriële Buffet, femme de 27 ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, jeune peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient «  la femme au cerveau érotique  » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zürich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. Ce livre nous transporte au début d’un xxe  siècle qui réinvente les codes de la beauté et de la société.« 

De Francis Picabia, je ne connaissais qu’un nom, associé à la peinture et la littérature. C’est dire si ma connaissance de l’artiste était limitée. J’ai découvert un homme torturé, dont les méandres personnels ne pouvaient être soulagés que par des opiacés, et peu à même de s’occuper de ses enfants. Mais également un passionné d’automobiles, luxe ultime de son époque. De Marcel Duchamp, je ne connaissais rien ; j’ai découvert un artiste amoreux de la femme de son ami, qu’il surnomma affectueusement Gaby. De Guillaume Apollinaire, je connaissais ses recueils de poèmes, vestiges de mon année de Lettres Modernes.

Ces trois hommes ont eu de commun dans leur vie une femme de l’ombre et d’influence, une muse à l’intellect puissant, « la femme au cerveau érotique » comme se plaisait à l’appeler son mari.

A travers ma lecture, j’ai découvert une femme d’une incroyable modernité, pour une époque de révolution. Féministe avant l’heure, la vie de Gabriële était une pure vie de bohème intellectuelle. Je ne saurai trop vous conseiller ce roman qui m’a appris beaucoup de choses oubliées des manuels d’Histoire, sur le début de siècle écoulé.

Belle lecture à vous ! 🎈

Gabriële d’Anne et Claire Berest, est disponible aux éditions Le Livre de Poche.