Luna – Serena Giuliano

Feel Good

« La lune est le rêve du soleil « Paul Klee. Il s’avère qu’elle lui vole parfois la vedette, brillant plus fort et devenant un phare dans mes les ténèbres que peuvent être la nuit.

Luna, Serena Giuliano

La première fois que j’ai mis les pieds en Italie fut par le biais de mes cours d’Histoire et de Latin. Rome comme capitale d’un Empire imposant, à la pointe de son époque, aux sublimes bâtiments jonchants la ville, véritables lieux de vie du peuple. Quelques années plus tard, j’ai eu la chance d’y aller véritablement. Et de ces monuments qui ont franchi cet obstacle qu’est le temps, je n’ai rarement trouvé aussi imposant que le Colisée. Je m’y suis sentie petite, dans ce lieu vibrant de siècles d’Histoire.

La seconde fois, j’ai découvert Naples, en me plongeant à corps perdu dans la saga d’Elena Ferrante, Une amie prodigieuse. Une ville faisant face au Vésuve, belle et forte, mais contaminée par la pire gangrène qui soit, la mafia. J’avais adoré plonger dans la moiteur de la ville, me balader le long la méditerranée et voir évoluer ces vies aux antipodes, celles de ces deux femmes que tout a fini par opposer. J’y suis retournée avec Luna de Serena Giuliano, et ai eu droit à un autre type de visite, plus intime et personnelle. « Luna arrive à Naples contre son gré : son père est gravement malade. Rien, ici, ne lui a manqué. Ses repères, ses amies, son amour sont désormais à Milan. Alors pourquoi revenir ? Pourquoi être au chevet de son papà, au passé trouble, et avec lequel elle a coupé les ponts ?
Mais Napoli est là, sous ses yeux : ses ruelles animées et sales, ses habitants souriants et intrusifs, sa pizza fritta, délicieuse et tellement grasse, son Vésuve, beau et menaçant…
Est-il seulement possible de trouver la paix dans une ville si contrastée ? Et si ce retour aux sources sonnait finalement l’heure de l’apaisement ? »

Luna. De retour dans sa ville natale par obligations. Ville honnie, reniée. Aux antipodes de la femme qu’elle est devenue. Naples comme ville qui a causé mille malheurs. Son père, comme terreau de ses tourments enfouis. Et pourtant. Le retour aux sources comme une bouffée d’air salvatrice, pour dénouer les tensions des années passées.

Luna. C’est aussi une femme bien entourée. D’amies aux tempéraments forts, mais inextricablement liée à elle, entre elles. L’amitié comme sororité. Une cousine avec le cœur sur la main, les valeurs familiales portées en bandoulière. Une voisine volubile, la solitude qui lui fait écho. Un amour naissant et incertain. Un amour filiale brisée par l’incompréhension. Le Vésuve comme toile de fond d’une histoire de pardon, de rédemption, d’avenir à embrasser pleinement en acceptant son passé.

Avec Luna, Serena Giuliano signe avec son troisième roman – mon préféré à ce jour- une ode à l’amitié et une déclaration d’amour à l’Italie, pays solaire, pendant parfait de son héroïne lunaire.

Belle lecture à vous !

Luna, de Serena Giuliano est disponible aux éditions Le livre de poche

Haute saison – Adèle Bréau

Feel Good

« C’est court, huit jours » dixit Jean-Claude Dusse dans Les bronzés. Cela peut pourtant paraître bien long de prime abord. Si la compagnie n’est pas celle souhaitée. Si le lieu nouveau à appréhender ne nous sied guère. D’autant plus si ces vacances nous sont imposées comme une sentence irrévocable et non pas comme un moment tant attendu, et chéri bien en amont. Comme toujours, tout est une question de polarité.

Haute saison, Adèle Bréau

Les grandes vacances. Enfant, elles étaient synonymes de deux longs mois de torpeur, qui s’étiraient sans fin, permettant de retrouver les oubliés de l’année. Les cousins qui habitaient loin, les jeunes oncles et tantes encore en études. Les plus âgés qui se rappellent de nous à notre naissance et que nous ne sommes pas certains de les connaître. Avec un discret « c’est qui ?  » lancé en chuchotant à nos parents. Nous offrant le luxe de nous ennuyer – même si à l’époque cela nous faisait râler – et de nous créer des souvenir inaltérables, donnant aux lieux de notre enfance une odeur, une saveur, une âme qui nous appartient désormais.

Les grandes vacances. Majeure, le permis fraichement acquis et le contrat du boulot estival en poche, elles étaient synonymes de liberté. De rites de passage vers l’âge adulte. Les concerts en plein air, les copains croisés au débotté avec lesquels on finit la soirée à refaire le monde. Les weekends improvisés dans les maisons laissées vacantes par nos parents. Les premiers amours, passions de courtes durées, sensées se graver dans un instant dédié.

Les grandes vacances. Adulte, elles ont une autre saveur, mais on les apprécie toujours autant, tant qu’elles débordent d’amour et de nouveaux souvenirs à créer. Certes la vie n’est plus aussi insouciante qu’elle ne paraissait plus jeune, avec son lot de déconvenues, de drames voire même parfois de deuil. Mais l’été permet de tout panser, ou tout du moins aide grandement. Parole de fille d’hiver.

Les grandes vacances ou la Haute Saison comme l’appelle Adèle Bréau : « Anglet, fin juillet. À la réception du Club Océan, Germain accueille les nouveaux arrivants. Au milieu des habitués, certains clients goûtent pour la première fois aux « joies du club ». Chantal débarque sans grand enthousiasme avec ses petits-enfants. Matthias, papa solo, a cédé à l’appel de l’option garderie. Fanny est venue en famille pour tenter de resserrer les liens. Tous vont plonger dans un huis clos dont la feuille de route est claire : faites connaissance et a-mu-sez-vous ! Mais qu’a-t-on à partager avec des êtres si différents ? Quels secrets ont-ils emporté dans leurs bagages ? « 

Trois familles venues passer des vacances au Club Océan, pour leurs raisons propres. La grand-mère aux petits-enfants imposés, angoissée de faillir à sa mission et à l’idée de ne passer ne serait ce qu’un bon moment. Un père au bord de la ruprture, qui perd de vue l’important, entre son travail et ses filles, vestiges de la famille qu’il avait. Une femme, une mère, qui voit son couple faire naufrage, en s’accrochant à ses convictions. Trois âmes écorchées qui vont se trouver, se toiser pour finir par s’apprécier. Gravite autour d’eux un petit monde heureux, fait de rires innocents, d’amour adolescente, de passion enfouie, dans ce club haut en couleur.

Avec Haute Saison, Adèle Bréau nous dresse des portraits attendrissants d’adultes meurtris, qui peu à peu aux contacts des autres vont apprendre à retrouver leurs âmes d’enfants, et évacuer ceux qu’ils étaient devenus, dans lesquelles ils ne se reconnaissaient plus. Avec les beaux jours et les vacances estivales qui approchent, je ne saurai que vous conseiller cette lecture qui vous fera gaiement patienter jusqu’à cette trêve ensoleillée.

Belle lecture à vous !

Haute saison d’Adèle Bréau est disponible pour aux éditions Le livre de poche

Il nous restera ça – Virginie Grimaldi

Feel Good

« Il ne faut pas avoir peur du bonheur, c’est un juste un bon moment à passer. » Romain Gary. Il n’est pas toujours simple de savourer ces instants, aussi fugaces puissent ils être, qui nous rendent légers, heureux. Il est parfois plus facile de se complaire dans son malheur. Par facilité, si on a touché le fond, il n’est décemment pas envisageable de continuer à creuser. Mais le bonheur, fragile quant à lui, peut nous être enlevé aisément.

Il nous restera ça, Virginie Grimaldi

J’ai longtemps été une pessimiste patentée. Une rechute arrive de temps à autre, mais c’est un vice dont je me suis défait. Il m’était plus facile de voir le verre à moitié vide, disant à qui voulait l’entendre que cette posture évitait la déception. Je pense que j’essayais surtout de me convaincre moi-même, de me protéger d’une certaine manière. Une humeur maussade en guise de carapace. Mes amis sont vraiment des personnes merveilleuses.

Apprendre à ne plus avoir peur de profiter de chaque moment de joie, de bonheur, sans craintes aucunes n’est pas une mince affaire pour tout le monde. On s’entête à se croire inapte à la vie en société. Indigne de ses amis, de sa famille. Blessé par un deuil, une perte lourde à porter, qui définit nos vies fragiles pour un instant qui restera gravé. C’est le cas d’Iris, Jeanne et Théo. Trois âmes blessées, en quête de leur salut. Le but et le moyen sera le même, mais leur rédemption leur appartient à chacun, dans ce qu’ils ont et qu’ils sont de plus intime.

Bienvenue dans le dernier roman de Virginie Grimaldi, il nous restera ça : « À 33 ans, Iris trimballe sa vie dans une valise. Théo, 18 ans, a peu de rêves, car ils en foutent partout quand ils se brisent.  À 74 ans, Jeanne regarde son existence dans le rétroviseur. 
Rien ne les destinait à se rencontrer.  Quand le hasard les réunit sous le même toit, ces trois êtres abîmés vont devoir apprendre à vivre ensemble. La jeune femme mystérieuse, le garçon gouailleur et la dame discrète se retrouvent malgré eux dans une colocation qui leur réserve bien des surprises. C’est l’histoire de trois solitudes qui se percutent, de ces rencontres inattendues qui sonnent comme des évidences. »

L’intrigue se déroule dans un quartier qui m’est familier, le dix-septième arrondissement de Paris, où j’aimais à flâner le weekend et le soir lorsque j’étais encore parisienne. Même si l’imagination aide à se construire des décors, le fait de connaître certain lieux permet d’avoir une lecture qui se rapproche d’un visionnage de film. Ne me manquait que le popcorn et je me serai réellement cru en salle obscure.

Trois personnages aux antipodes. Par leur âge, leur histoire, leur essence. Trois personnages attachants parce qu’abimés, sauvages parce qu’habitué à une solitude qui les protège. Trois personnages qui vont apprendre à cohabiter, à s’écouter, à s’apprivoiser, à s’ouvrir aux autres. Et surtout à se faire confiance et à aimer, sans avoir peur.

La force de Virginie Grimaldi est de rendre belle toute situation. De rendre plus léger les drames par un maniement de la langue et de l’humour que j’affectionne particulièrement. Parce qu’on peut rire de tout et parce que la lumière se succédera inexorablement à la nuit.

J’avais eu un coup de cœur il y a quelques années pour Il est grand temps de rallumer les étoiles, et d’une certaine façon je retrouve les ingrédients qui m’avaient plu, à commencer par Jeanne – même si j’avais oublié son prénom, je dois bien vous le concéder. Il nous restera ça est un roman solaire, une ode à l’entraide et à la bienveillance. Un roman doudou qui fait l’effet d’un baume tout doux.

Belle lecture à vous !

Il nous restera ça de Virgnie Grimaldi est disponibles aux éditions Fayard