« C’est court, huit jours » dixit Jean-Claude Dusse dans Les bronzés. Cela peut pourtant paraître bien long de prime abord. Si la compagnie n’est pas celle souhaitée. Si le lieu nouveau à appréhender ne nous sied guère. D’autant plus si ces vacances nous sont imposées comme une sentence irrévocable et non pas comme un moment tant attendu, et chéri bien en amont. Comme toujours, tout est une question de polarité.

Les grandes vacances. Enfant, elles étaient synonymes de deux longs mois de torpeur, qui s’étiraient sans fin, permettant de retrouver les oubliés de l’année. Les cousins qui habitaient loin, les jeunes oncles et tantes encore en études. Les plus âgés qui se rappellent de nous à notre naissance et que nous ne sommes pas certains de les connaître. Avec un discret « c’est qui ? » lancé en chuchotant à nos parents. Nous offrant le luxe de nous ennuyer – même si à l’époque cela nous faisait râler – et de nous créer des souvenir inaltérables, donnant aux lieux de notre enfance une odeur, une saveur, une âme qui nous appartient désormais.
Les grandes vacances. Majeure, le permis fraichement acquis et le contrat du boulot estival en poche, elles étaient synonymes de liberté. De rites de passage vers l’âge adulte. Les concerts en plein air, les copains croisés au débotté avec lesquels on finit la soirée à refaire le monde. Les weekends improvisés dans les maisons laissées vacantes par nos parents. Les premiers amours, passions de courtes durées, sensées se graver dans un instant dédié.
Les grandes vacances. Adulte, elles ont une autre saveur, mais on les apprécie toujours autant, tant qu’elles débordent d’amour et de nouveaux souvenirs à créer. Certes la vie n’est plus aussi insouciante qu’elle ne paraissait plus jeune, avec son lot de déconvenues, de drames voire même parfois de deuil. Mais l’été permet de tout panser, ou tout du moins aide grandement. Parole de fille d’hiver.
Les grandes vacances ou la Haute Saison comme l’appelle Adèle Bréau : « Anglet, fin juillet. À la réception du Club Océan, Germain accueille les nouveaux arrivants. Au milieu des habitués, certains clients goûtent pour la première fois aux « joies du club ». Chantal débarque sans grand enthousiasme avec ses petits-enfants. Matthias, papa solo, a cédé à l’appel de l’option garderie. Fanny est venue en famille pour tenter de resserrer les liens. Tous vont plonger dans un huis clos dont la feuille de route est claire : faites connaissance et a-mu-sez-vous ! Mais qu’a-t-on à partager avec des êtres si différents ? Quels secrets ont-ils emporté dans leurs bagages ? «
Trois familles venues passer des vacances au Club Océan, pour leurs raisons propres. La grand-mère aux petits-enfants imposés, angoissée de faillir à sa mission et à l’idée de ne passer ne serait ce qu’un bon moment. Un père au bord de la ruprture, qui perd de vue l’important, entre son travail et ses filles, vestiges de la famille qu’il avait. Une femme, une mère, qui voit son couple faire naufrage, en s’accrochant à ses convictions. Trois âmes écorchées qui vont se trouver, se toiser pour finir par s’apprécier. Gravite autour d’eux un petit monde heureux, fait de rires innocents, d’amour adolescente, de passion enfouie, dans ce club haut en couleur.
Avec Haute Saison, Adèle Bréau nous dresse des portraits attendrissants d’adultes meurtris, qui peu à peu aux contacts des autres vont apprendre à retrouver leurs âmes d’enfants, et évacuer ceux qu’ils étaient devenus, dans lesquelles ils ne se reconnaissaient plus. Avec les beaux jours et les vacances estivales qui approchent, je ne saurai que vous conseiller cette lecture qui vous fera gaiement patienter jusqu’à cette trêve ensoleillée.
Belle lecture à vous !
Haute saison d’Adèle Bréau est disponible pour aux éditions Le livre de poche
Il me tente pas mal.
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