« Ses lèvres vinrent sur les miennes se poser // Et je sentis au cœur une vague brûlure » Jules Supervieille, Le portrait. Quand l’amour se mue en passion, qu’elle dérègle la raison, en point que l’Homme devient bête et perde à jamais son empathie, sa part d’humanité.

Je suis une fille de la ville. Pas que je voue un culte aux rues bétonnées, mais parce que je m’y sens plus à l’aise, plus à ma place. Parce que le bruit de la foule m’effraie moins que le murmure calme de la campagne. Voire de son silence absolu. Parce que la nuit urbaine trace dans son sillage des lumières artificielles, a contrat de la nuit provinciale, noire, ténébreuse.
Je suis une fille de la ville. Circonstancielle. Parce que j’y suis née, j’y ai grandi. Et que j’ai toujours été appelée par les lumières plus grandes, des terrains de curiosité, de rencontres culturelles, spirituelles. De celles qui marquent une vie. Pour le pire comme pour le meilleur. Malgré cela, je chéris la campagne des mes vacances, de cette part d’enfance enfouie en mois. Des été dans la ferme de mes cousines, des visites aux veaux dans la crèche, des parties de cache cache dans les meules de foin.
Je suis une fille de la ville. Typique. Qui adore s’évader ailleurs dès qu’elle peut. Et c’est ainsi que j’ai foulée de mes pieds le Paradis, dans une bête au Paradis de Cécile Coulon : « Dans sa ferme isolée au bout d’un chemin de terre, appelée le Paradis, Emilienne élève seule ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Devenue adolescente, Blanche rencontre Alexandre, son premier amour. Mais, arrivé à l’âge adulte, le couple se déchire lorsqu’Alexandre, dévoré par l’ambition, exprime son désir de rejoindre la ville tandis que Blanche demeure attachée à son coin de terre.«
La Paradis. Nom antinomique pour un lieu marqué de drames et larmes. De dur labeur qui empêche de s’apitoyer sur ce qui aurait pu être, sur ceux qu’on aurait pu devenir. La Paradis comme lieu d’un huis clos poisseux. Comme protagoniste à part entière de la naissance de la bête.
Blanche. Orpheline, brisée dans sa chaire depuis sa plus tendre enfance. Amoureuse de sa terre. Amoureuse d’Alexandre. Avec cette farouche volonté que le Paradis soit le sien. Alexandre. Fils unique à la terne famille. Qui brille par sa gentillesse. Par sa beauté. Qui a cette farouche volonté de devenir quelqu’un. Oui, mais surtout ailleurs. Une bête cachée en tapinois rode et observe ses proies.
Je découvre Cécile Coulon avec Une bête au Paradis et j’ai été littéralement transportée par sa plume, précise, qui nous emmène au cœur de l’intrigue dès les premières lignes et qui nous subjuguent au point de regretter que sa lecture soit déjà finie. Un vrai coup de cœur.
Belle lecture à vous !
Une bête au Paradis de Cécile Coulon est disponible aux éditions Le livre de poche.
Un coup de cœur pour moi aussi.
Merci Clem
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