Patience: (nom féminin) Aptitude à persévérer dans une activité, un travail de longue haleine, sans se décourager. Ainsi notre vie peut être dans certain cas perçue comme une montagne d’obstacles insurmontables dont le franchissement demande du temps, et de la pugnacité. Et ce n’est pas plus facile d’en user, même si l’on est ainsi nommé.

Depuis quelques mois, voire années maintenant, j’ai une nouvelle marotte : écouter des podcasts. J’ai toujours lu dans les transports mais cela m’était impossible sur la ligne 13, trop d’espace, que je ne savais qu’en faire. C’est ainsi que je repris des cours d’Histoire particulier avec Frack Ferrand, qui m’ont permise de m’évader. Le temps d’un trajet. Puis le temps d’une marche ou encore d’un footing. Afin de ne pas trop exceller au Trivial Pursuit, il a bien fallu diversifier mes écoutes, de la littérature à la popculture.
J’ai ainsi découvert Hannelore Cayre, avocate pénaliste au barreau de Paris, il y a peu, lors du confinement, en écoutant Popopop le génial podcast d’Antoine de Caunes. Cette femme m’a plu par son intelligence aigue et sa façon d’être. Tout du moins celle de s’exprimer. Il ne m’en fallait pas plus pour que je me décide à la lire.
J’ai ainsi découvert La daronne : Patience Portefeux, 53 ans, deux filles, un chien, un fiancé flic et une vieille mère en EHPAD. Patience trime. Patience est traductrice de l’arabe pour le ministère de la Justice. Des milliers d’heures à transcrire des écoutes entre petits dealers et grands bandits. Puis Patience franchit la ligne jaune : elle détourne une montagne de cannabis issue d’un Go Fast. Sans culpabilité ni effroi. Simplement une petite entorse morale. Et encore. Et Patience devient la Daronne.
Prudence. C’est ainsi que j’ai lu malgré moi le nom de la veuve Portefeux durant les cinquantes premières pages. C’était le troisième prénom de ma grand mère paternelle dont je prenais plaisir à me moquer plus jeune. Un prénom comme une réminiscence du passé, que je ne m’attendais réellement pas à trouver.
Patience. Un prénom tel un mantra, qui guide une vie telle un phare cassé. Car si la patience est une vertu, elle peut par moment se muer en tare. Tout vient peut être à point à qui sait attendre, mais lorsque l’attente se fait vaine, il y a de quoi se rebeller. Patience, femme au bord de la rupture, n’en peut plus d’attendre. Devenue une mère pour celle qui ne l’a jamais été pour elle et ne côtoyant que poliment, et de manière lointaine ses filles, elle se décide à être maitresse de sa propre fortune. De forcer le destin en embrassant la route de la criminalité, en embrassant peu ou prou le même destin que son père avant elle.
Avec force cynisme et second degré, Hannelore Cayre nous livre avec sa Daronne, un ovni savoureux, qui se dévore le sourire aux lèvres.
Bonne lecture à vous !
La Daronne d’Hannelore Cayre est disponible aux éditions Points