Bel Ami

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Aristocratie : (nom féminin) Petit nombre de personnes qui ont la prééminence, qui se distinguent dans un domaine quelconque, que l’on peut qualifier d’élites. Dans le cas présent, les vieilles familles New-Yorkaises qui font la pluie et le beau temps en manière de mœurs, de savoir être et de bon goût. Les Européens, notamment les Français, qui apparaissent comme arrivistes et légers, et les Anglais, comme souillons et débraillés. Quant à l’Art, perçu comme un manque de savoir vivre, s’il n’est gouté par le biais d’un ballet à l’Opéra. Exquis et pompeux.

Au temps de l’innocence, Edith Wharton

L’histoire américaine fait défaut à ma culture, et le 19e étant la période de prédilection de mes ouvrages préférés, je me suis laissée tenté par Le temps de l’innocence d’Edith Wharton. Le titre sonnait comme une douce promesse. Celle, à minima de palier à mes lacunes. Et de découvrir la manière dont les secrets d’alcôves étaient gardés sur le nouveau continent. Belles réjouissances en perspective pour ma part.

Bel-Ami. En référence à l’ouvrage de Maupassant, mon titre est totalement mensonger, car Newland Archer est à mille lieux de ce gourgandin de Georges Duroy, avec des valeurs droites et un haut sens morale : « Héritier élégant et cultivé, Newland Archer est l’un des meilleurs partis de New York. Chacun attend de connaître la date de son union avec la prude et ravissante May Welland, issue du même monde. La seule difficulté, pour lui, consiste à annoncer ses fiançailles dans le respect des convenances et du « bon ton ». Tout est déjà réglé quand, un soir à l’opéra, le jeune homme reconnaît dans la loge des Welland la comtesse Ellen Olenska, de retour dans sa famille après l’échec de son mariage en Europe. Dans la haute société new- yorkaise, hantée par la peur du scandale, les mœurs et les idées d’Ellen suscitent une muette réprobation. Mais elles exercent sur Newland un attrait irrésistible… »

Au temps de l’innocence nous compte une société en mutation, où les vieilles manies se heurtent aux idées nouvelles. Où ce qui a été devrait survivre malgré tout, où toute nouveauté, bien malheureuse, est Européenne. Les clichés sur le vieux continents ont toujours la dent dure, et cela me fait sourire de constater qu’il ne date pas d’hier.

Au cœur de cette mutation, une histoire d’amour impossible, celle d’un jeune promis, puis mari et d’une femme mariée à un autre, liée par la promise, puis jeune mariée et  surtout cousine, May.  C’est elle, l’image de l’innocence, qui rend cet amour impossible. May,  l’image d’une Diane virginale incarnée. Par son existence, et la loyauté que la comtesse Olenska lui porte. Par les convenances, et l’amour de leurs enfants qui les lient à jamais elle et Archer. Par sa famille, qui exploite sa candeur de façade pour préserver une image lisse et sans tâches. Par les œillères qu’elle s’est exhortée à porter toute sa vie.

J’ai passé un agréable moment en compagnie de l’élite new-yorkaise, un brin chichiteuse,  du siècle dernier. Edith Wharton a su dresser le portrait d’une société vieillissante, réfractaire à l’évolution et la modernité qui se profilent, bien malgré eux à leurs portes. Et ce, que ce soit en termes de mœurs, que d’infrastructures et technologie. S’ils pouvaient nous voir à présent, je n’ose imaginer quels seraient leur ressentis.

Belle lecture à vous !

Au temps de l’innocence d’Edith Wharton est disponible aux éditions Archipel Poche.

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