Le temps de l’innocence

2019, Rentree Litteraire

Fillette : (nom féminin) Petite fille. Termes affectueux à mes yeux, qui traduit ce passage de la petite enfance pleine d’innocence et d’espérance à celle d’une adolescence faite de doute et d’ingratitude. Trois fillettes, trois petits anges, rattrapés bien trop tôt par la rigueur de la vie.

Les Fillettes, Clarisse Gorokhoff

Les Fillettes est le premier roman de Clarisse Gorokhoff que je lis. J’ai découvert cette auteure au détour des réseaux sociaux en cet fin d’été. J’ai tardé à m’y mettre, reculant l’échéance d’une lecture que je pensais trop dure, trop crue peut être. Petite nature que je suis quand il s’agit de mettre des mots sur les maux de la vie.

Derrière son jeune âge, Clarisse Gorokhoff se cache une incroyable maturité, portée par une plume, toute en retenue et pudeur. Tout en justesse, pour vivre cette journée ordinaire du quotidien de cette famille qui ne l’est pas tant : « Avec elle, Anton s’était dit qu’il aurait la vitesse et l’ivresse. Tout le reste serait anecdotique. Avec cette fille, il y aurait de l’essence et du mouvement, des soubresauts incessants. Il l’avait pressenti comme lorsqu’on arrive dans un pays brûlant. On ferme les yeux, un bref instant, nos pieds foulent le feu – déjà, la terre brûle. « Aujourd’hui Rebecca n’est plus une jeune fille – mais c’est encore une flamme. Ensemble, ils ont fait trois enfants. Trois fillettes sans reprendre leur souffle. Mais trois fillettes peuvent-elles sauver une femme ? Avec des cris, des rires, des larmes, peut-on pulvériser les démons d’une mère ? »

Chaque chapitre est un point de vue, une perception, qui s’entremêle à celle des autres et qui nous offre l’intimité d’une famille. Celui d’une jeune femme, Rebecca, qui essaie de combattre ses démons depuis sa jeune enfance, par la magie noire. Celle des opiacés qu’elles associent à ses auteurs fétiches. Un fastidieux voyages au bout de l’enfer. Celui de son mari Anton, qui veut réparer sa femme et sa famille, pour chasser les démons qui les encercle. Ceux de trois fillettes, pétries d’amour et d’admiration pour leur mère fantasque, qui fait voler les conventions, embrasse et décrit le monde comme personne;  et leur père, protecteur et rempart aux dangers qui guettent. Elles sont la magie blanche qui apportent cet équilibre fragile et précaire.

Clarisse Gorokhoff m’a touchée en plein cœur. A plusieurs reprises. J’ai pleuré, pour l’enfant que j’ai été. Pour la mère que je suis. Pour la petite fille qu’elle a été, la femme qu’elle est devenue. Pour cet hommage bouleversant et cathartique. Pour cette tranche de vie à vif, sans pathos et sans jugements. Pour cet hommage lumineux à la mère. Ange déchue partie trop tôt. Mais également au père. Cette force présente quoiqu’il advienne.

Les Fillettes de Clarisse Gorokhoff est un roman lumineux, où prône l’espoir et l’amour, malgré la noirceur présente en filigrane. J’ai pris une claque. Et même si ma lecture est finie depuis quelques jours, elle continue à me faire réfléchir, et me faire frémir.

Belle lecture à vous !

Les Fillettes de Clarisse Gorokhoff est disponibles aux éditons des Équateurs

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