Satire : (nom féminin) Discours écrit ou oral, que nous devons aux latins et qui se moque de quelque chose, souvent de façon ironique. La satire sociale est à mes yeux un objet de liberté absolue, et mon esprit cynique s’en délecte à chaque fois.
Lorient. Toute mon enfance et toute ma jeunesse. A l’instar de Brest, cette ville reconstruite à la va-vite post seconde guerre mondial brille par son architecture soviétique sans charme. Mais à mes yeux, elle est bien plus belle que sa jumelle pluvieuse. Mes souvenirs sont gravés entre Lomener et Larmor Plage, où les vagues tempétueuses peuvent être parfois amenées à se briser sur la route, en un mois de Novembre par essence tout gris. Ce paysage apocalyptique est ce qui me manque le plus je crois dans ma vie parisienne.
Mes souvenirs de cette période de vie sont gravés en moi, et sont certainement embellis et patinés, avec le temps qui est depuis passé. Mes ressentis me sont propres, car vécus par le prisme de mes yeux et de mon corps, en pleine conscience, dans la mesure de celle que des enfants et adolescents sont en mesure de développer.
Licorne. Créature fantastique, chérie des enfants, mais pas que. La promesse d’une vie en arc en ciel, par définition meilleure. C’est aussi le titre du premier roman de Nora Sandor, critique acerbe d’une société accroc au réseaux sociaux. « La vie de Maëla, vingt ans, s’écoule au rythme des réseaux sociaux. Quand elle ne s’ennuie pas sur les bancs de l’université ou à la caisse du supermarché qui l’emploie, elle passe l’essentiel de son temps dans un monde rêvé. Elle est fascinée en particulier par un rappeur qui joue de son succès pour créer une mystérieuse identité virtuelle, et se met en scène accompagné de son ours des Carpates, Baloo. À son tour, Maëla commence à espérer une existence offerte à la curiosité des autres, qui la tirerait de l’anonymat. Tout s’accélère le jour où, à sa grande surprise, elle remporte un concours sur les réseaux pour participer au prochain clip du rappeur. Alors que des milliers de nouveaux followers assaillent le compte de la jeune inconnue, sa vie bascule enfin. »
Joli miroir aux alouettes que sont instagram et consorts. Des reflets fantasmés d’une réalité plus doré chez les autres, et qui peut même conduire à une popularité soudaine. C’est ainsi que nous suivons Maëla, étudiante de lettre lambda, dans les dédales lorientais, essayer de poursuivre une existence fantasmé de ceux qui ont réussi. Ce personnage mou et sans réelle perspective d’avenir, si ce n’est devenir une Influenceuse, est une critique au vitriol d’une société assistée, « du j’ai vu, je veux, j’achète ». Quitte à vendre son âme au diable, et quitter sa Bretagne chérie à laquelle elle est attachée, pour un Paris sans âme et sans amis, un Paris de parias.
Maëla est aberrante en ce fait qu’elle se complet dans une médiocrité, de laquelle elle pourrait sortir, si elle tendait à faire un effort. Car là où la littérature la laisse de marbre et circonspecte, la poésie urbaine qu’est le Rap la transcende. Elle n’a de cesse à se comparer à un fameux ours Baloo, d’une non moins célèbre rappeur Mowgli, qu’elle met tout du long de son périple initiatique sur un piédestal. Mais si l’on se réfère à la version originale du Livre de la Jungle, « il en faut peu pour être heureux ». Or son malheur se joue dans le fait qu’elle ait voulu toucher des étoiles inaccessibles.
Avec Licorne, Nora Sandor signe un premier roman à la plume prometteuse, et au ton sarcastique et caustique. Il n’en fallait pas plu pour faire battre mon petit cœur de cynique.
Belle lecture à vous !
Licorne de Nora Sandor est disponible aux Editions Gallimard
Lorient est une ville sympa c’est vrai. Je ne dis pas ça parce que j’y habite. Les coins que tu cites sont très beaux : Lomener, Larmor Plage etc.. excellente soirée à toi 🌞
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Merci à toi aussi 😊
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