Gratitude : (nom féminin) Lien de reconnaissance envers quelqu’un dont on est l’obligé à l’occasion d’ un bienfait reçu ou d’un service rendu. Ou tout simplement parfois, ce lien se crée pour toujours par la simple présence de certaines personnes malgré tout. Merci à vous, d’avoir été et d’être toujours à mes côtés, dans mes sombres et claires traversées.
C’est l’un des premiers mots que l’on apprend lorsque nous sommes enfants, merci. Il se traduit d’abord par un signe puis par des balbutiements pour devenir affirmé et surtout compris. Ce tout petit mot est l’un des piliers de l’éducation qui nous a été inculqué et régit en quelque sorte nos rapports aux autres. Il définit une politesse évidente, qui peut parfois faire défaut, ce qui est souvent regrettable, voire dommageable. Il n’y a jamais trop d’emphase dans les remerciements, et je crois que dans certains cas, ce ne sera jamais assez.
Avec son dernier roman, Les Gratitudes, Delphine de Vigan nous montre l’importance des mots, si cela est encore à prouver. Leur absence peut créer un manque, dresser une barrière, qu’il est parfois impossible à surmonter. Pour quelqu’un qui chérit la langue, et qui joue avec au quotidien, cela peut s’apparenter à de la simple torture, à une perte partielle de son identité. D’autant plus quand le temps vient à nous manquer pour nous amender d’une dette morale, dont nous ne sommes capable d’appréhender la vraie valeur , qu’à mesure que le temps se faufile entre nos mains.
Je vous livre ci-après le quatrième de couverture de ce roman qui a raisonné en moi en un écho particulier : « Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l’absence, les souvenirs disparus, et ceux qui ressurgissent, au détour d’un prénom, d’une image, d’un mot. Je travaille avec les douleurs d’hier et celles d’aujourd’hui. Les confidences. Et la peur de mourir. Cela fait partie de mon métier. Mais ce qui continue de m’étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd’hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c’est la pérennité des douleurs d’enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s’efface pas.
Michka est en train de perdre peu à peu l’usage de la parole. Autour d’elles, deux personnes se retrouvent : Marie, une jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé de la suivre. »
Au travers le récit de deux âmes abîmées, esseulées malgré elles, mais qui n’en sont pas moins belles, que sont Marie et Jérôme, nous mesurons l’importance d’avoir des gens bienveillants, et foncièrement bons dans notre entourage. Qui n’attendent rien en retour, pas même le merci qui leur est dû. Ce si joli mot qui n’est somme toute que la moindre des choses.
Leurs vies se cristallisent autour de celle de Michka, femme forte qui a vécu les pires tourments enfants, conditionnant par la même son âme charitable. Son personnage est beau, car ils représentent nos parents, nos grands parents, ces piliers de nos vies, que l’on voudrait toujours là, tant physiquement qu’émotionnellement, et dont on oublie parfois qu’ils ont été enfants, qu’ils ont eu une vie, des joies, des peines mais également des actes inachevés, grevant leur quiétude à venir. Cette femme souffre d’aphasie et perd peu à peu son ancrage au monde qui l’entoure, mais n’en oublie pas pour autant de remercier ceux qui lui ont permis de devenir femme. Ce sera sa magnifique lutte des derniers instants. Qui m’a tiré les larmes.
Ce livre m’a tout bonnement happé et je l’ai dévoré tel un nounours à la guimauve. Delphine de Vigan traite délicatement les affres du temps qui passe, et ce couplé à des familles dysfonctionnelles, à des passés tourmentés. Les Gratitudes est malgré le lourd sujet qu’il traite, solaire, et porteur d’espoir. Je ne saurai que trop vous le conseiller.
Belle lecture à vous ! 🎈
Les gratitudes de Delphine de Vigan est disponible aux éditions JC Lattès.
Je vais le lire. J’ai hâte!
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Je le lirais. Il est à la médiathèque. Une bien belle critique !
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