Mythologie : (nom féminin) Ensemble de mythes crées autour d’un phénomène social, d’un thème, d’une doctrine. Celui auquel on s’attaque ici est la start up du vingt et unième siècle, cool et funky, à laquelle les employés sont dévoués corps et âme, s’oubliant parfois dans leur travail et tentant en même temps de reconnecter avec leur moi profond. La dichotomie de l’Être dans sa toute puissance.
De mes nombreuses années de latin, ce ne sont pas vraiment les déclinaisons que j’ai retenues, mais la mythologie. Cela m’aura entre autre permis de conclure par la gloire quelques parties de Trivial Pursuit. Mais la mythologie, qu’elle soit grecque ou latine d’ailleurs, m’a toujours fascinée, intriguée. Et c’est assez naturellement que je me suis appliquée par la suite à comprendre quelle inspiration elle avait pu avoir dans l’art. Petite préférence pour Narcisse et Pandore, qui résument à eux deux les maux modernes.
Nous vivons désormais dans une société ultra connectée, où de facto les nouvelles technologies sont devenues le point d’orgue de l’évolution. Cela est fascinant de pouvoir désormais avoir l’information à porté de main, de pouvoir glaner des renseignements à tout heure du jour et de la nuit, de pouvoir se faire livrer la plupart des mets après quelques tapes sur son clavier. Mais comme pour tout, il y a malheureusement un revers de la médaille peu glorieux, qui amène à réfléchir.
C’est ce que fait Anne Akrich avec son roman Un Nouveau Monde, au travers duquel elle pose un regard mi amusé mi désabusé, mais surtout cynique, sur les antagonismes contemporains. « Chez #InFutureWeBelieve, ils sont une dizaine de collaborateurs, jeunes, dynamiques et soudés autour de leur bienveillante happiness manager, Pandore. Dans le microcosme idéal de leur start-up, ils parlent franglais, font du coworking en open space, ne jurent que par l’économie du partage. Mais alors pourquoi peinent-ils tant à trouver leur place dans ce monde nouveau qu’ils prétendent bâtir ? »
On croise pleins de profils intéressants chez #InFutureWeBelieve, tous au bord de la rupture qu’elle soit professionnelle, personnelle voire même spirituelle. Cette entreprise a d’intéressante qu’elle est dotée d’une Hapyness Manager, comme si le bonheur ne pouvait être concentrée dans les mains d’une seule personne et distillée au compte goutte en fonction du degré de lassitude de ses collaborateurs. Pandore donc. Réceptacle des frustrations de ces congénères.
Notre société de l’immédiateté est malmenée. Les Netflix, Tinder et autres plateformes sont raillés par les biais qu’elles causent dans l’appréhension de la vie, par le prisme de la socialisation. Le principe du « J’ai vu, je veux, j’achète » est revu par le prisme de la responsabilité. La parentalité est également mal mené, car l’arrivée d’un enfant ne se gère pas comme un énième dossier à classer, mais est faite de concessions. On assiste ainsi à un pantomime de trentenaires en sur réflexion sur leur moi, partant s’isoler du monde connu, pour essayer de trouver un sens à leur vie, pour être vraiment et non plus pour se considérer comme un mouton. Quelles sont nos vraies valeurs finalement ? Les nouvelles générations ne les perdent elles pas de vues au profit d’un égoïsme exacerbé ? Cette question, je dois vous le confesser, je me la pose de temps à autre. Peut être dans ce cas n’ai je pas encore besoin d’une Pandore.
A l’heure où nous cherchons à donner un sens à nos actes et nos vies, à être acteur et responsable, mais en étant plein de contradiction dans nos modes de consommation quels qu’ils soient, il est plaisant de lire le second degré et le cynisme dont fait preuve Anne Akrich dans son Nouveau Monde, que je vous invite fortement à lire.
Un Monde Nouveau de Anne Akrich est disponible aux Editions Julliard
Sujet très intéressant pour le trentenaire que je suis et qui se pose pas mal de questions 🙂
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