Gang : (nom masculin) anglicisme – bande organisée, association de malfaiteurs. Le plus célèbre étant Al Capone, précurseur de la phobie administrative, qui l’aura fait tomber au main de la police.
S’il y a une période que j’affectionne particulièrement dans la jeune vie des Etats Unis d’Amérique, c’est le début du XXe siècle. Ou tout du moins le traitement qui a pu lui âtre réservé en littérature ou au cinéma. Que ce soit sur la côte ouest, avec l’immigration massive européenne. Le joyeux melting pot bouillonnant crée ainsi différents quartiers, voire ghettos, pour la plupart sous la houlette de gangster, mais où certaines valeurs telles quel le travail et la famille dominent. Mais également la côte Ouest avec l’âge d’or d’Hollywood. Ce qu’on a tendance à oublier, sauf si vous êtes fan des œuvres de James Ellroy, est que la prostitution et les films pornographiques ont tendance à se tailler la part du lion, dans cet environnement de paillettes et de paraitre. Le rêve promis, à porté de mains dans les deux cas, qui tient le plus souvent du cauchemar éveillé.
Pourtant malgré la noirceur de la vie, c’est la lumière qui prédomine dans les lignes de Luca di Fulvio. L’espoir malgré tout, le bonheur malgré l’horreur. J’ai pourtant mis du temps à me lancer dans cette lecture. Par peur d’être déçu. J’ai peut être lu trop de critiques dithyrambiques. et cela à tendance à stopper net mes ardeurs. Et si je ne comprenais pas ? Serais je moins intelligente ? Et si je n’aimais pas, n’aurais je aucun gout ? Ces questions certes absurdes, j’ai fortement tendance à me les poser depuis que je n’ai pas aimé, mais alors pas du tout du tout, à part la musique de Yann Tiersen, les aventures d’Amélie Poulain. Malgré cette longue introspection quelque peu fatigante, je me suis lancée. Et j’ai vraiment bien fait. J’ai été littéralement happée par cette histoire, que j’ai savourée. Voici ce que nous dit le quatrième de couverture, faible esquisse s’il en est de la densité du Gang des Rêves :
« New York ! En ces tumultueuses années 1920, pour des milliers d’Européens, la ville est synonyme de « rêve américain ». C’est le cas pour Cetta Luminata, une Italienne qui, du haut de son jeune âge, compte bien se tailler une place au soleil avec Christmas, son fils.
Dans une cité en plein essor où la radio débute à peine et le cinéma se met à parler, Christmas grandit entre gangs adverses, violence et pauvreté, avec ses rêves et sa gouaille comme planche de salut. L’espoir d’une nouvelle existence s’esquisse lorsqu’il rencontre la belle et riche Ruth. Et si, à ses côtés, Christmas trouvait la liberté, et dans ses bras, l’amour ? »
J’ai tout aimé dans cette lecture et ne sais par où vous commencer pour vous narrez ce qui m’a plu.
La spacio temporalité déjà, ainsi que l’espoir qui domine malgré tout. Qui diffèrent selon les deux parties du livre. Dans la première Cetta, jeune italienne qui se bat pour atteindre son rêve américain, en est partiellement l’héroïne. On la suit dans la quête de son utopie, sous forme de flash back. La fuite de son Italie natale, sa prison, pour un idéal inconnu qu’est la terre promise américaine. On s’attache à cette femme enfant qui n’aura de cesse de vendre son corps – mais jamais son âme – pour assurer un futur heureux à son fils. C’est son histoire d’adolescent qui s’alterne à celle de sa mère, les différents environnements dans lesquels il évolue, que ce soit ceux des bas fonds à ceux de la bourgeoisie new-yorkaise. L’importance de l’éducation inculquée par sa mère, dans lauqelle elle lui serine qu’il est un vrai américain et non pas un émigré italien comme elle. Son intelligence mise au service de son gang imaginé – et imaginaire même pour lui – les Diamond Dogs. Sa rencontre avec Ruth, enfin, jeune fille devenue femme par la force, brisée au plus profond d’elle mais dont son âme doit le salut à Christmas.
La seconde partie faite suite à une cassure dans la vie de l’adolescent, qui devient pleinement un homme. L’intrigue alterne alors entre New York et Los Angeles, entre trois vies brisées, dans deux atmosphères où la nuit fait petit à petit place au soleil. Oui vous avez bien lu, trois vies. Celles de Ruth et Christmas, qui des ténèbres vont aller à la lumière, non sans difficulté et incertitude, et celle de Bill. Celui qui est à l’origine des maux de Ruth, et par effet papillon, de ceux de Christmas. Lui qui n’aura de cesse de s’enfoncer petit à petit dans les arcanes de son chaos intérieur
Avec le Gang des Reves, on assiste à une véritable épopée, narrant brillamment une époque révolue, dans laquelle l’auteur n’a de cesse que de trouver de la beauté dans un chaos ambiant. Nous sommes aux antipodes de la vision de Martin Scorcese dans son Gangs of New-York, malgré les mêmes ingrédients de base. On touche du doigt des étoiles – ici symbolisées, entre autre, par le génial Fred Astaire – et on vit un rêve éveillé au fil des pages. Si ce n’est déjà fait, je vous invite à vous plonger dans ce tumultueux début de siècle, en vous procurant dès à présent Le Gang des Rêves de Luca di Fulvio.
Gang des Rêves de Luca di Fulvio est disponible aux Editions Pocket.
Il est dans ma PAL depuis un bout de temps, mais tu en parles si joliment que je songe à le faire remonter au dessus de la pile ^^
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C’est gentil ça ! Je ne serai que te conseiller de le lire, ce livre est épais et l’intrigue bien menée 😊
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Belle critique d’un livre qui m’avais touché moi aussi. Merci ! 🙂
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Je suis un peu pareille, quand je commence une lecture, j’ai toujours un peu peur du phénomène… J’ai toujours peur d’être déçue et du coup j’hésite. Ça n’a pas loupé avec Le Gang des Rêves. Au final, j’ai beaucoup aimé, même si je n’ai pas éprouvé le coup de cœur de certains, qui sont vraiment tombés amoureux de ce roman. C’est extraordinairement bien écrit et c’est assez grandiose, par certains aspects. Oui, je peux dire que Le Gang des Rêves a été une très bonne lecture de ce début d’année 2019 mais il m’a manqué un petit quelque chose pour être emportée et séduite totalement. Malgré tout, c’est un roman à conseiller parce qu’il détruit et décrit sans concession l’american dream et ses effets pervers et Di Fulvio grâce à sa plume tantôt acérée tantôt plus tendre a le don pour nous emporter dans son univers.
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