Réécriture : (Nom féminin) adaptation d’un texte dans le but de l’améliorer. Pas que les textes de Jane Austen en aient réellement besoin, mais une transposition contemporaine, si elle bien menée, est toujours la bienvenue.

Mieux que Cendrillon, j’ai su garder mes deux souliers !
De Jane Austen, je n’ai lu que deux de ses six romans, Orgueils et Préjugés ainsi que Raisons et Sentiments. Ma préférence va au premier, et telle Bridget Jones, la gaine en moins, je voue un certain culte à Darcy. Grâce aux éditions limitées illustrées de Margaux Motin, Persuasions devrait rejoindre les rangs très bientôt !
D’Alexander Mc Call Smith, je ne connais que les chroniques d’Edimbourg, doux panflet satyrique sur les contemporains de l’auteur, attirés par le gel pour cheveux aux clous de girofle ainsi que le tofu en passant par Baden Powell. Un bijou dont je vous reparlerai très bientôt, qui m’a permis d’en apprendre plus sur mon pays de cœur.
Prenez ces deux auteurs aux flegme et second degré britanniques, ajoutez un zeste d’humour et d’amour des situations cocasses, mélangez ces deux plumes séparées de presque deux siècles et vous obtenez une version d’Emma, contemporaine et bien écrite, fraîche et plaisante, malicieusement nommé Les Aventures D’une Jeune Fille Frivole. Je vous laisse en juger par vous-même avec le quatrième de couverture : « Fraîchement diplômée de l’université, persuadée que, désormais, elle sait tout de la vie, la jeune Emma Woodhouse revient habiter dans la maison familiale, à la campagne. Riche et un peu snob, Emma s’entoure d’une cour d’amis qu’elle mène à la baguette. Elle organise des dîners, joue les entremetteuses et donne des leçons à tout le monde. Emma manipule les uns et les autres… au risque que ses petites manœuvres se retournent contre elle. Et pour quelqu’un qui croit tout savoir, Emma connaît bien mal son propre cœur. Une personne va en effet ébranler la confiance indestructible de la jeune femme : son ami et voisin, l’impénétrable George… »
Il y a chez Emma Wodhouse quelque chose de légèrement désuet, d’ancien riche dans les manières. Dans toute ma lecture, je n’ai eu de cesse de chercher la part d’Austen dans son caractère. Exercice épineux. Même s’il est vrai que l’on rencontre chacun des stéréotypes dont elle aimait à se moquer dans les portraits des personnages brossés. En effet, il n’est pas coutume pour moi de lire des « adaptations ». Certes, il me plaît à les voir sur grands écrans, car après la littérature, le cinéma est ma seconde passion. Mais cela devait faire dix ans que je ne m’étais pas prêtée à cet exercice – Barjavel et Chretien de Troyes autour d’une table ronde encombrée mais agréable -, même s’il est vraiment plaisant.
N’ayant pas lu l’original, je ne saurais dire si Mc Call Smith a su (re)donner ses lettres de noblesse à la Emma d’antan. Toutefois, moi, j’ai pris plaisir à aimer la contemporaine, qui m’a rappelé que mon amour pour Jane Austen est en partie lié au modernisme de ses écrits.
En bref, quand deux de mes auteurs anglo-saxons préférés se rencontrent au détour d’une héroïne, cela crée de jolies étincelles,
Belle lecture à vous ! 🎈
Emma ou les aventures d’une jeune fille frivole d’Alexander McCall Smith est disponible aux editions City.
Une réflexion sur “Une jeune fille frivole”