Le rouge est sa couleur

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Utopie : (Nom féminin) Idéal, vue politique ou sociale, qui ne tient pas compte de la réalité. Comme dirait Candide avant de « cultiver son jardin », tout va bien dans le meilleur des mondes possibles.

Rouge sur rouge rien ne bouge

Je n’aime pas lire les histoires qui se rapprochent de la vraie vie, où la maladie, la perte d’un proche vous sont contées placidement. C’est trop réel à mon goût et peut facilement faire sombrer un peu plus dans les méandres d’un quotidien pas toujours idylliques. En effet, la littérature, voire par extension l’art en général, rime pour moi avec évasion. Un pis-aller me permettant de m’évader du quotidien. Comme Yves Saint Laurent se plaisait à le dire, « je voyage à travers mes lectures ».

Curieux choix que La Servante Écarlate comme livre de chevet me direz vous. Je ne savais pas réellement où je mettais les pieds. Mais l’engouement populaire et une adaptation télévisée du roman de Margaret Atwood ont piqué ma curiosité. Le quatrième de couverture m’a quant à lui inquiété, et c’est sans doute pour cela que j’ai sans cesse repoussé l’acte fatidique de lecture : « Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté. »

La liberté est une des choses que je chéris le plus depuis ma plus tendre enfance. Cette liberté que l’on prend pour acquise et dont on jouit pleinement au quotidien, est bien réelle même si nous ne la voyons plus. À mes yeux rien n’est plus liberticide que la censure, encore plus quand cette dernière est dispensée sous le joug de quelques autoproclamés bien-pensants. Et cela me fait peur, car par moment, notre société pourrait toucher du doigt ce genre de comportements aberrants .

Au fil des pages, nous suivons Defred, servante écarlate de son état, dans les affres de sa vie. Elle nous conte doctement ce qu’est devenue sa vie de femme – de mère comblée à Putain malgré elle – dans une société où ses dernières n’ont de places qu’en tant que figurantes. On assiste à la montée au pouvoir d’un règne de terreur, au sein duquel quelques éminences grises se sont élevés au rang de commandant, en se basant sur des préceptes antiques et féodaux.

Ce qui est glaçant dans la dystopie de Margaret Atwood, c’est le sentiment que cela pourrait nous arriver demain. Et je dois dire que cela m’a dérangé. Cette lecture a été une véritable prise de conscience quant au fait que rien ne soit jamais acquis. Toutefois, l’espoir est toujours présent, ténu mais là pourtant.

Si j’ai aimé La Servante Écarlate ? Je ne saurai réellement le dire, à brûle pourpoint. Je l’ai toutefois trouvé nécessaire car dérangeante de vérité.

Belle lecture à vous 🎈

La servante écarlate de Margaret Atwood est disponible aux éditions Pavillon Poche – Robert Laffont.

11 réflexions sur “Le rouge est sa couleur

  1. J’ai vu les deux saisons de la série, pas lu le livre. La saison 1 m’a glacée, celle qui est tirée du livre. Tout comme toi je chéris aussi ma liberté au plus haut point, et celle-ci est déjà bien entravée dans notre vie quotidienne, par toutes les contraintes qu’on se colle pour « vivre » et consommer. Mais là … C’est beaucoup trop « possible » quand on connait certains régimes liberticides un peu partout sur la planète, et ça fait réfléchir au fait que ça pourrait nous arriver, on ne sait pas … Il faut tjs garder un œil ouvert …

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  2. « À mes yeux rien n’est plus liberticide que la censure, encore plus quand cette dernière est dispensée sous le joug de quelques autoproclamés bien-pensants. »
    Je ne sais pas trop à quoi tu fais référence, ça sonne beaucoup comme un « on ne peut plus rien dire », mais l’homophobie, le sexisme, le racisme sont des délits depuis longtemps et ce qui change, c’est que désormais on applique les peines. Et du coup je ne comprends pas bien ta comparaison : Gilead est justement un pays où il n’existe plus aucune justice sociale, où les femmes sont des esclaves, où les gays et les lesbiennes sont assassinés, qui applique une politique raciste (ce point étant ténu puisque l’héroïne ne le vit pas, on nous dit juste au dernier chapitre : « Aucun nouveau système ne peut s’imposer à un système antérieur sans incorporer bon nombre des éléments existant dans ce dernier (…). Ses politiques racistes, par exemple, étaient solidement enracinées dans la période prégiléadienne, et des craintes racistes ont alimenté en partie le moteur passionnel qui a conduit à une prise de pouvoir réalisée avec succès »). Du coup ici la comparaison me parait un peu bancale ^^

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