American Nightmare

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Identité :(Nom féminin) ce qui permet de reconnaître une personne parmi toutes les autres ; caractère de ce qui demeure identique à soi même. Ou quand sa personnalité est tellement faussée qu’on se perd soi même.

Je lis mes livres allongés sur le carrelage, pas vous ?

Dans mon imaginaire, l’american girl est new-yorkaise, glamour et élancée, vit un conte de fée éveillé. Bien évidemment, on la trouve soit autour d’un brunch soit dans une fête branchée où se côtoient les créateurs les plus pointus du moment. Son seul souci est de se trouver un parfait petit mari en guise d’accessoire tendance (Coucou Carrie Bradshaw). Même si je sais qu’elle est fausse, cette image d’Épinal a la vie dure. Puis vinrent les Girls de Léna Dunham, trash et perdues, dans cette même ville, dont le visage nous semble moins sympathique. L’ambivalence totale, manichéenne presque. Il n’y a pas vraiment de juste milieu qui soit narré, mais je me plais toujours à préférer le côté obscur aux paillettes.

C’est sans idées préconçues que je me suis tournée vers American Girl de Jessica Knoll. Un visage poupin et angélique en première de couverture et un passif assez chargé en quatrième, m’ont convaincue d’en faire ma lecture : « Sur le point d’épouser celui que n’importe quel magazine féminin désignerait comme l’homme idéal, Ani, jeune et jolie journaliste, est tenaillée par le doute. Obsédée par son image, elle peaufine compulsivement les moindres détails de sa vie glamour pour incarner aux yeux de tous l’héroïne infaillible qu’elle rêve de devenir. Celle dont la réussite, incontestable, laissera tout le monde sur le carreau. Derrière ce besoin éperdu d’invulnérabilité, derrière ce désir implacable d’être la New-Yorkaise branchée sous tous rapports, un terrible saccage intime, qu’elle refoule depuis l’adolescence. Et une lutte de tous les instants – contre ses souvenirs, contre le regard des autres, contre d’insoutenables accusations, contre la réputation qui lui colle à la peau depuis que sa vie a basculé dans la terreur. »

Que je les aime ces histoires où les apparences sont trompeuses. Où le vernis joliment posé s’écaille peu à peu, pour finalement faire éclater une vérité peu radieuse au grand jour. On suit ici la vie de TifAnni Fanelli, jeune new-yorkaise qui est à deux doigts de réussir en tous points son ascension sociale. Mais très vite, elle se dévoile fragile. L’image de perfection qu’elle pense renvoyer ressemble plus à celle d’une névrosée, sous le point d’imploser. On se rend également compte assez rapidement que ce n’est pas tant son mariage qu’un autre événement qui la met sur la défensive, lié à son passée de lycéenne. Le passé qui vous hante et ses blessures non cicatrisées, dures à apprivoiser.

Le drame est installé dès les premières pages et on sait qu’on ne sortira pas indemne de cette lecture. Car il y a un fond de vérité dans cette fiction, une sorte de biographie en filigrane. On découvre en alternance de chapitres, une trentenaire avide de reconnaissance qui essaie de faire taire la paria lycéenne qu’elle était. Le drame est là, mais on ne comprend l’ampleur, non sans effroi, qu’à la toute fin.

La violence faite aux gens peut être physique, toucher à leur intégrité. Elle peut être verbale et s’enraciner au plus profond de nous. Elle peut prendre bien des visages mais quand elle revêt celle de la revanche, de la vendetta personnelle, elle se transforme en fureur et vous consume. Au point de se perdre soi même, pour de bon.

La lecture d’American Girl a été pour moi une réelle gifle, et m’a donné matière à réflexion. Dans ces années compliquées qu’est l’adolescence, ai-je été une bonne personne ? Ne me suis-je pas conduite méchamment envers les plus faibles, car on s’était mal conduit avec moi ? Peut être qu’avant d’être bienveillant vis à vis des autres, il faut l’être vis-à-vis de soi même.

Cette lecture m’a donc fait me poser des questions assez graves, somme toutes, dont bon nombre demeurent sans réponses à ce jour. J’espère que vous pourrez m’apporter quelques clés.

Bonne lecture à vous ! 🎈

American Girl de Jessica Knoll est disponible aux éditions Babel / Actes Sud.

4 réflexions sur “American Nightmare

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